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M. le docteur Paul Vuillemin a publié un nombre considérable de notes et mémoires sur les sujets les plus variés de la Botanique ; tous ces travaux sont caractérisés par la précision et la minutie des observations, par le sens critique qui préside à l’interprétation des résultats, par une impeccable érudition et enfin par les conclusions toujours originales qui donnent à des observations, en apparence banales, une haute portée scientifique et philosophique (Rapport de notre confrère M. Mangin, 1912). Les travaux de Cryptogamie et de Pathologie végétale ont valu à M. P. Vuillemin l’attribution du prix Montagne en 1902. Le rapporteur de la Commission, notre regretté confrère M. Prillieux, écrivait ce qui suit :

« L’auteur a fait preuve des plus remarquables qualités d’observateur ; il est familiarisé avec les méthodes perfectionnées de la science moderne.

« Fort érudit et très au courant des opinions émises sur les plus hautes questions de biologie végétale, il profite toujours de l’étude des faits de détail qu’il observe pour en tirer quelques conséquences se rapportant aux grandes questions d’ordre général. »

Dans toute sa vie de botaniste, le docteur Paul Vuillemin s’est toujours efforcé de montrer l’importance des caractères anatomiques dans la connaissance des plantes et en particulier dans les principes de leur classification : à ce point de vue, il était le disciple de notre illustre et regretté confrère M. Ph. Van Tieghem.

Dans sa Thèse de doctorat en médecine, consacrée à la tige des Composées, M. Vuillemin montre que les caractères fournis par l’histologie et l’anatomie permettent de définir, dans cette grande famille, des groupes aussi naturels que ceux établis sur la morphologie de la fleur et du fruit.

Mais c’est surtout dans sa Thèse de doctorat es sciences, consacrée à l’étude de la subordination des caractères de la feuille dans le phylum des Anthyllis, que M. Vuillemin a montré combien la connaissance intime des plantes est utile au classificateur qui cherche à établir la filiation des végétaux. Le genre Anthyllis a été choisi comme exemple parce que ses limites sont indécises et varient avec les auteurs. Par une étude approfondie du système foliaire M. Vuillemin a mis en balance les caractères anatomiques les plus variés. Certains d’entre eux, négligeables dans d’autres groupes, tiennent un rang élevé dans le phylum des Anthyllis.

Les conclusions de ce remarquable travail démontrent le fait déjà signalé par Lamarck, que la subordination des caractères est toute relative, la dignité de chacun d’eux variant beaucoup selon les plantes considérées.