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montré que ces lignes résistent à l’effet de la self-induction sur l’étincelle de capacité, et qu’on les retrouve dans l’arc, dans l’enveloppe du cône bleu du bec Bunsen, dans la flamme du chalumeau oxyacétylénique, et même dans celle du chalumeau oxygène-gaz d’éclairage. Elles comprennent les raies spontanément renversables.

La présence des mêmes raies, ultimes pour l’étincelle condensée, dans ces diverses sources de lumière, n’implique pas nécessairement la persistance de leur sensibilité dans des conditions aussi différentes. Nous sommes en droit de nous demander comment variera cette sensibilité, et si les mêmes raies resteront les ultimes, ou bien si la sensibilité maximum passera à d’autres, et s’il sera possible alors de prévoir le sens de ce changement, et enfin si nous pourrons établir, pour cela, sinon des lois, du moins des règles générales.

Mais avant d’aller plus loin, je tiens à donner ici l’explication de certaines divergences entre les déterminations de raies ultimes que j’ai présentées à maintes reprises à l’Académie depuis 1907, et des déterminations poursuivies à l’étranger au moyen de procédés différents. En donnant leur définition et leurs caractéristiques, j’ai fait observer que les raies ultimes ne sont pas nécessairement les plus fortes du spectre d’un corps simple. Ce ne sont pas les « Hauptlinien » des physiciens allemands, et l’on risquerait de tomber complètement dans l’erreur en considérant comme raies ultimes, ou même raies de sensibilité notable, celles qui, dans le spectre d’étincelle de l’élément isolé, impressionnent le plus fortement la plaque photographique, ou bien persistent les dernières pour des durées d’exposition de plus en plus courtes. C’est ainsi que MM. Hartley et Moss (’), dans des recherches, d’ailleurs fort intéressantes, se sont attachés, par des pesées des électrodes d’un métal isolé entre lesquelles jaillissait l’étincelle pendant un temps très court, à évaluer la plus petite quantité de substance capable de donner les raies qu’ils ont considérées alors comme les ultimes de ce métal. À la mesure des temps de pose, les auteurs avaient avantageusement substitué celle du nombre d’étincelles produites au moyen d’un contact à ressort. Les raies ainsi trouvées sont celles de plus grand effet

(’) Proc. Roy. Soc, July 26, 1912. — Je regrette d’avoir à formuler ces critiques en interprétant les résultats obtenus par un savant aussi éminent que W.-N. Hartley, auquel la spectroscopie doit tant de progrès nouveaux, et de découvertes si brillantes dans toutes ses branches. La Science anglaise vient d’être douloureusement éprouvée par sa perte récente ; qu’il nous soit permis d’exprimer ici toute notre admiration pour l’ensemble de son œuvre scientifique si étendue et si importante.