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PHYSIQUE. — Sur l’action calorifique des rayons de la Lune. Extrait d’une Lettre de M. Zantedeschi à M. Élie de Beaumont.
« Padoue, le 9 novembre 1869.

» Dans le no 17 des Comptes rendus de l’Académie des Science (séance du 25 octobre 1869), j’ai lu, pages 920-922, deux Notes des savants physiciens MM. Volpicelli et Marié-Davy sur le pouvoir calorifique des rayons de la Lune. Dans l’une et l’autre de ces Notes, on annonce que Macédoine Melloni a été le premier à démontrer l’existence du calorique lunaire, et l’on assigne à sa découverte une date antérieure au 23 mars 1846. Il se servit, dans son expérience, de sa pile thermo-électrique, sur laquelle il concentra les rayons lunaires au moyen d’une lentille à échelons de 1 mètre de diamètre, construite par Henry Lepaute, de Paris. On assure que l’action calorifique fut très-faible, mais cependant réelle. Néanmoins il n’est pas exact de dire que Macédoine Melloni ait été le premier à démontrer l’existence du calorique lunaire. Les deux premiers physiciens italiens qui ont démontré l’existence du calorique lunaire avec des thermomètres à dilatation ordinaire, en se servant de lentilles et de miroirs, ont été Geminiano Montanari en 1685 et Paolo Frisi en 1781. (Voir, du premier, son Astrologie convaincue de fausseté, p. 5, Venise, 1685, et, du second, ses Opuscules philosophiques, p. 1, Milan, 1781.) MM. Volpicelli et Marié-Davy ont oublié aussi mes expériences de 1848, antérieures de vingt ans à la publication de leurs Notes. Mes propres expériences, il est vrai, n’ont que le caractère d’une confirmation nette et précise de l’existence du calorique lunaire.

» Au lieu de lentille, j’ai employé un miroir de 0m,60 de diamètre et de 0m,19 de distance focale. L’appareil thermo-électrique était celui construit par Gourjon, de Paris. Dans les plus belles pleines lunes qu’a pu me présenter l’atmosphère de Venise, pendant l’été de 1848, en dirigeant une face de la pile vers le foyer du miroir, j’ai obtenu une déviation d’environ 5 degrés à l’indice fixe. Le miroir était placé dans l’intérieur d’une chambre, tourné vers le disque lunaire, et une face de la pile était présentée obliquement au foyer lumineux, de manière à ce que l’autre face, qui était couverte, fût tournée vers l’une des parois latérales de la chambre. L’atmosphère était parfaitement calme, et l’on pouvait s’en convaincre, notamment par la tranquillité de l’eau stagnante de la lagune, qui présentait l’apparence d’un cristal poli dans la partie où se réfléchissait le rayon lunaire. En outre, le thermomètre à esprit-de-vin placé au foyer du miroir éprouva un