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PHYSIQUE DU GLOBE.Sur le dégagement du grisou ou hydrogène carboné, dans les mines de charbon de terre ; par M. Combes.

Dans un des précédents Comptes rendus (séance du 28 mars), nous avons rappelé, d’après un mémoire de M. John Buddle, le fait que dans certaines houillères du nord de l’Angleterre, sujettes au dégagement du grisou, le dégagement n’a guère lieu que lorsque le baromètre est bas. Cette intermittence, comme le remarquait M. Buddle, tient sans doute à ce que la force élastique du gaz contenu dans les fissures du charbon est à peu près égale à la pression atmosphérique moyenne, de sorte que les deux fluides élastiques se font habituellement équilibre, et qu’il suffit d’une légère diminution dans la densité de l’atmosphère, pour que la force élastique du gaz prenant le dessus, le dégagement ait lieu. Mais la pression sous laquelle l’écoulement du gaz commence à avoir lieu, n’est pas la même pour toutes les mines, et dans quelques-unes cette pression peut surpasser deux atmosphères ; c’est ce que prouve l’observation suivante faite par M. Combes, dans une houillère du département de la Loire.

« En 1830, dit cet ingénieur, je fis vider l’eau d’un puits, creusé sur la couche de houille de Latour, près de Firmini ; la mine était abandonnée depuis plusieurs années, parce que l’ahondance extrême du gaz inflammable, dans les galeries souterraines, avait déjà donné lieu à plusieurs accidents désastreux, et que l’exploitation ne pouvait se continuer qu’avec un danger imminent.

Ce puits avait 75 mètres de profondeur au moins, jusqu’au faîte des galeries exécutées dans la couche ; il était plein d’eau jusqu’à 21 mètres au-dessous du sol : la partie libre ne contenait que de l’air ordinaire, et pas une trace d’hydrogène carboné. Quand l’eau fut vidée jusqu’à une profondeur de 63 mètres du jour, le faîte des galeries étant encore recouver de 12 mètres d’eau, le gaz se dégagea à travers la colonne d’eau restant dans le puits, avec un bruit ressemblant à celui qu’aurait fait une source abondante, tombant de la partie supérieure du puits. L’air remplissant le puits demeura dès-lors constamment explosif au plus haut degré. Deux ouvriers y étant descendus avec une lampe ordinaire pour reconnaître la source que l’on supposait venir de la partie supérieure des parois, lorsqu’ils furent à 14 ou 15 mètres de profondeur leur lampe mit le feu au gaz ; heureusement, la couche supérieure seule s’alluma, et le feu ne se communiqua point à la masse d’air inférieure. Cependant l’un des ouvriers fut brûlé grièvement aux mains et à la figure, quoiqu’il ne fût resté que quelques