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MÉCANIQUE. — Notice sur un nouveau levier destiné à servir à la locomotion aérienne ; par M. Aimé.

(Commissaires, MM. Gay-Lussac, Navier.)

La notice de M. Aimé serait peu susceptible d’abréviation : nous la consignons ici textuellement.

« Aussitôt que la découverte des aérostats fut faite, on sentit de quelle importance il serait de pouvoir diriger le cours de ces navires aériens, et d’obtenir par là un moyen de transport plus rapide qu’aucun autre connu jusque alors.

» Des hommes de mérite de différents pays s’occupèrent de cette importante question, et ne tardèrent pas à déclarer qu’un tel but était impossible à atteindre, attendu que dans la navigation aérienne on manquait de point d’appui.

» Cette assertion, qui au premier coup d’œil paraît péremptoire et qui est aujourd’hui l’opinion universellement reçue, me paraît cependant erronée : c’est ce que je vais essayer de démontrer à l’Académie, si elle daigne m’honorer de quelques instants d’attention. Cette difficulté, ou si l’on veut cette impossibilité de trouver un point d’appui, tenant au peu de densité du milieu où se trouve plongé l’aérostat, me fit reconnaître que les moyens usités ordinairement devaient nécessairement échouer tant qu’on n’aurait pas un procédé quelconque pour neutraliser, s’il est permis de s’exprimer ainsi, la ténuité de l’atmosphère, et je vis que c’était dans la construction du levier lui-même que ce moyen devait être trouvé.

» En effet, je crois être parvenu à construire un levier qui remplit parfaitement la double indication de neutraliser la ténuité de l’atmosphère et d’y prendre un point d’appui. Je passe de suite à la description de mon levier, et rien ne sera plus facile que de comprendre son mode d’action.

» Ce levier consiste en une rame construite en taffetas gommé et montée de manière à pouvoir être gonflée avec du gaz hydrogène, ce qui rendra cette rame d’une pesanteur spécifique très inférieure à celle de l’air, qui alors lui offrira une résistance d’où résultera forcément un point d’appui ; car la résistance de l’atmosphère à ces rames sera aussi grande que celle qu’elle présente au ballon lui-même.

» Lorsque la nacelle d’un ballon sera munie de rames de cette espèce, assujetties convenablement, que l’on fera mouvoir comme pour ramer sur un bateau, il me semble qu’il sera impossible de ne pas obtenir un mouvement de progression dans telle direction que l’on voudra. Mais comme