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» L’eau qui a été filtrée dans chaque bassin est reçue par une grosse conduite posée dans une galerie qui est pratiquée dans la partie inférieure de la digue longitudinale qui partage en deux le grand réservoir quadrangulaire. L’eau filtrée est portée dans cette grosse conduite par des tuyaux secondaires qui y sont implantés en nombre égal à celui des bassins-filtres, et qui reçoivent eux-mêmes cette eau de tuyaux plus petits embranchés sur eux, et percés, à leur extrémité inférieure, de trous par lesquels l’eau s’y introduit. La grosse conduite dont il est question ici étant remplie, débouche dans une seconde bache, d’où elle est élevée par une deuxième machine à vapeur dans la conduite d’ascension destinée à les porter au point culminant de Bordeaux, lequel se trouve à 30 mètres d’élévation au-dessus des plus basses eaux de la Garonne.

» Il s’agit maintenant de se débarrasser des matières qui sont restées soit dans les réservoirs de dépôt, soit dans les filtres. À cet effet on ouvre à marée basse les vannes par lesquelles l’eau trouble était entrée dans les réservoirs de dépôt ; on a soin d’agiter l’eau qu’ils contiennent encore, et elle s’écoule dans la Garonne.

» Quant aux matières terreuses qui ont pu rester dans les filtres, on fait entrer au-dessous de ces filtres l’eau de la conduite d’ascension, qui pouvant agir de bas en haut avec une pression de trois atmosphères, fait monter au-dessus de la surface de ces appareils toutes les matières terreuses qui les obstruaient, et les chasse dans les réservoirs de dépôt dont le courant les entraîne dans le fleuve avec celles qu’ils contiennent eux-mêmes.

» Toutes les manœuvres que nous venons d’indiquer s’opèrent, suivant le projet présenté, au moyen de vannes et de robinets, dont on ne pourrait faire bien comprendre le système qu’à l’aide de figures qu’il faudrait expliquer et d’une description détaillée qui nous ferait sortir des bornes de ce rapport. Nous le terminerons en disant que l’expérience de ce qui se pratique en Angleterre et même à Paris, pour le filtrage des eaux troubles, offre, pour le succès de l’appareil que propose M. Cordier de Béziers, toutes les chances désirables ; enfin que si cet appareil ne répondait pas d’abord sur tous les points à ce que l’auteur en espère, il lui serait toujours facile de le perfectionner en lui faisant subir les légères modifications dont l’observation et l’expérience pourraient signaler l’opportunité. »