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» M. Pelouze admet donc que ces deux gaz combinés dans le rapport de 2 à 1, constituent un acide nouveau, et que cet acide ne doit point être considéré comme la réunion de deux combinaisons binaires, mais bien comme composé de trois élémens unis dans la proportion de 1 atome de soufre, 2 d’azote et 4 d’oxigène. Cette manière de voir viendrait appuyer l’opinion émise par quelques chimistes, sur la nature de diverses combinaisons organiques.

» M. Pelouze, après avoir constaté l’existence et la nature de cet acide nouveau, a étudié ses principales combinaisons avec les alcalis, et il a profité, pour les obtenir dans les circonstances ordinaires, de la stabilité qu’ils reçoivent d’un excès de base. Ainsi, par exemple, il a fait passer pendant plusieurs heures, un courant de deutoxide d’azote dans une dissolution concentrée de sulfite d’ammoniaque mêlée avec cinq ou six fois son volume d’ammoniaque liquide ; on voit alors, au bout d’un certain temps, se déposer successivement de beaux cristaux de même nature que ceux obtenus à −20°, avec le sulfite neutre. On lave ces cristaux avec de l’ammoniaque préalablement refroidie, puis on les fait sécher et on les enferme dans des flacons hermétiquement bouchés. Ils sont inaltérables tant qu’on les prive du contact de corps étrangers, et surtout de l’humidité. Ce sel, projeté sur les charbons ardens, y brûle avec scintillation ; il peut être chauffé jusqu’à 110° sans subir de décomposition ; mais au-delà, le dégagement de protoxide d’azote est si rapide, qu’il y a explosion. Le nitro-sulfate d’ammoniaque se dissout facilement dans l’eau ; mais il s’y décompose avec d’autant plus de rapidité, que la température est plus élevée. Tous les acides en dégagent subitement du protoxide d’azote, et le font passer à l’état de sulfate d’ammoniaque.

» On voit par quel faible lien sont unis les élémens de ces sels, puisque la seule réaction de l’eau plus ou moins prolongée, suffit pour en opérer la séparation. Cette excessive mobilité a fait penser à M. Pelouze qu’il en serait des nitro-sulfates comme de l’eau oxigénée, c’est-à-dire qu’ils pourraient subir une rapide décomposition par le contact passif, du moins en apparence, de certains corps ; et c’est, en effet, ce que l’expérience a pleinement confirmé. La mousse de platine, l’oxide d’argent, et beaucoup d’autres corps, agissent avec une extrême rapidité sur le nitrosulfate d’ammoniaque, et cependant ils ne lui prennent ni ne lui cèdent rien.

» Il en est, de ces combinaisons éphémères, comme de l’équilibre que