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les expériences de M. Melloni, recule par ses propres travaux les bornes des applications de l’analyse mathématique à la chimie. Il fait servir les phénomènes de la polarisation circulaire soumise aux lois du calcul, à l’explication des phénomènes extrêmement remarquables de la chimie organique ; il poursuit depuis plusieurs années ce sujet, entièrement neuf.

Franklin, Galvani, Volta, Œrsted et Seebeck, ont découvert les faits primordiaux sur l’électricité, le galvanisme et le magnétisme, desquels découlent de vastes séries de phénomènes. Les savants français ont découvert les lois théoriques de tous ces phénomènes. Voilà la gloire de Coulomb et de M. Poisson, pour l’électricité statique ; voilà celle de MM. Ampère, Arago, Biot, Savart et Savary, pour l’électricité dynamique.

Au milieu de ces savants, M. Becquerel s’ouvre une route spéciale ; il attaque la chimie avec des armes qu’il se rend propres, pour soumettre cette science à l’empire des lois mathématiques. L’électricité, le galvanisme, sont les forces, ou pour mieux dire, sont la force qu’il emploie. Doué par la nature de cette délicatesse d’organes et de cette finesse d’observation, qui nous permettront de l’appeler le Wollaston français, lorsqu’il veut calculer les plus grandes actions des puissances qu’il étudie, il lui suffit d’appareils presque microscopiques. Il découvre, il apprécie avec une sagacité merveilleuse les deux électricités qui se développent dans la production des actions chimiques ; il perfectionne la pile thermoélectrique, et lui donne un nouveau prix par l’importance de ses applications. Des fils métalliques d’une extrême ténuité, lui permettent de mesurer la chaleur intérieure des animaux et de l’homme, dans les diverses parties de leur système organique, ainsi que les variations de cette chaleur par l’effet des maladies ; matière entièrement neuve et précieuse pour les sciences médicales.

Un voyage que le même savant et M. Breschet, son collaborateur pour ces dernières expériences, ont fait dans le midi de la France et dans le nord de l’Italie, leur a permis d’appliquer leurs instruments et leurs méthodes à des phénomènes dont l’observation recule encore les limites de la science.

Le génie mathématique étend ainsi ses applications jusqu’aux phénomènes de l’organisme animal.

L’acoustique est employée pour étudier par l’intensité, par la variété, par le rhythme des sons émanés du cœur et du poumon, l’état salubre ou maladif de ces organes, et pour connaître la nature et le degré des affections morbides.

Notre confrère M. Magendie, par des considérations ingénieuses, emprunte à la mécanique son explication des bruits normaux du cœur, qu’il rapporte à des oscillations de cet organe.