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En dix ans de voyages, d’explorations, d’études et de découvertes sur le territoire entier de la France et sur celui des pays limitrophes, l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie, la Suisse et l’Allemagne occidentale, MM. Élie de Beaumont et Dufrénoy ont complété les matériaux de la Carte dont les lignes primordiales, les intersections des couches essentielles et de la surface visible, sont aujourd’hui dessinées et gravées. Elle n’a plus à recevoir que des hachures, des cotes et des légendes, pour présenter un monument comparable, sous tous les rapports et sous quelques-uns supérieur à la belle carte géologique de l’Angleterre.

On a commencé par département, des cartes de détail que j’appellerai le cadastre géologique de la France, pour offrir la topographie spéciale et complète de nos richesses minérales. Ces cartes auront pour cadre et pour repères les grands tracés et les données fondamentales de la carte d’ensemble. Déjà plusieurs conseils généraux ont voté les fonds nécessaires à ces entreprises départementales. Il y a trop de lumières et d’amour du bien dans ces conseils électifs pour qu’on puisse douter un moment qu’un seul d’entre eux recule devant un sacrifice d’où résulteront tant de notions favorables et utiles à l’agriculture, au commerce, aux manufactures, aux besoins de la vie privée et des services publics.

Des ingénieurs formés à l’illustre école de Monge, ne pouvaient suivre avec autant de constance l’étude des territoires si grands, si variés, qu’ils avaient à décrire, sans s’élever à des considérations de haute géométrie et de mécanique appliquées à la géologie ; c’est ce qu’a fait, avec un rare bonheur, M. Élie de Beaumont, dans ses vues si neuves et si fécondes sur le soulèvement successif des grandes couches minérales qui forment l’enveloppe du globe.

L’application des sciences mathématiques aux sciences naturelles, aux besoins de l’industrie, aux travaux publics, dont nous venons d’offrir de si beaux exemples dans les travaux auxquels l’Académie préside, forme le caractère le plus remarquable des progrès actuels des connaissances humaines.

On continue, on développe la théorie de la chaleur, fondée par Fourier. C’est l’objet d’un grand ouvrage de M. Poisson.

Ce que ne peut la soustraction de la chaleur même par des agents chimiques, la mécanique le produit. En 1830, l’Académie récompense, par un prix, la machine à comprimer les gaz de M. Thilorier. L’application de cette machine procure à la chimie le gaz acide carbonique, d’abord liquéfié, puis solidifié : transformations d’une haute importance.

Un correspondant de l’Académie, M. Melloni, nous révèle des faits nouveaux sur la chaleur rayonnante, et les soumet au calcul.

M. Biot, auquel nous devons un rapport, ou plutôt un savant traité sur