Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/569

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mathématique. Il a présenté, dans la chambre dont il est membre, le tableau des découvertes auxquelles la science aspire. Il a montré l’étranger marchant à leur conquête, avec plus d’avantages, par le bénéfice, non du génie mais du matériel scientifique ; il a demandé simplement, aux représentants du pays, s’ils voudraient ou non déshériter la France d’une gloire que l’esprit humain s’apprête à saisir ? À ce noble langage du savant qui réclame pour la science, les funestes traces des partis se sont effacées ; on n’a vu que la patrie et que sa renommée : aussitôt la générosité du législateur a surpassé la demande et l’espoir de l’astronome. Le Gouvernement, stimulé par la même émulation, s’est mis à l’œuvre sans retard, et deux ans et deux cent mille francs ont suffi pour tout accomplir avec la grandeur qui convient à la France.

Passons à d’autres travaux pareillement consacrés à la gloire, à l’utilité du pays. Je veux parler des grandes entreprises destinées à décrire mathématiquement les côtes, le territoire et le sol français.

Après avoir entrepris et terminé l’hydrographie des côtes de Belgique et de Hollande, sous le régime de l’Empire, puis celle des côtes de l’Océan, depuis Ouessant jusqu’à l’Espagne, notre confrère M. Beautemps-Beaupré, continue sur le même plan l’hydrographie des côtes de la Manche, qui précédera celle des côtes de la Méditerranée. Dans trois campagnes, il aura terminé pour la mer Atlantique cet ensemble d’opérations, où la rigueur des méthodes qu’il a perfectionnées, où la précision scrupuleuse des observations et des explorations sur terre, sur mer et je dirai presque sous la mer, où le contrôle des calculs toujours faits à deux reprises par des ingénieurs différents, enfin, où la beauté de l’exécution graphique, rivalisent, afin de produire un ouvrage qui soit digne de l’état actuel des sciences et des arts. Un mot suffira pour faire apprécier la grandeur de l’entreprise. L’hydrographie complète des côtes de France, exécutée dans le double intérêt du commerce et de la force navale, aura demandé cinq millions de francs, trente ans de travaux du corps savant des hydrographes, la moitié de la vie du chef de ce corps, et 450 volumes in-4o d’observations et de calculs, pour préparer le grand Atlas du Pilote français.

Moins avancée que cette entreprise, mais d’un travail encore plus vaste, la nouvelle carte de France est exécutée sur un plan général que l’illustre auteur de la Mécanique céleste a marqué du sceau de la géométrie. M. de Laplace, recherché pour son génie par Napoléon, accueilli pour son esprit sous Louis XVIII, a fait servir sa haute influence afin d’obtenir qu’on opérât avec un corps de savants géographes, anciens élèves de l’École Polytechnique. On a sillonné la France de frontière à frontière opposée,