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comparable et perfectionné, que récompense aujourd’hui l’Académie ; le plus grand pont de l’Europe et de l’Amérique, suspendu de montagne à montagne, par-dessus Fribourg, au milieu des Alpes ; pour le génie militaire et l’artillerie, les théories de la poussée des terres et des voûtes, rendues plus rigoureuses et plus applicables ; les lois de l’écoulement des fluides par de grands orifices, étudiées et tirées de l’expérience ; les lois du choc des projectiles et leur pénétration dans les corps de diverse nature, pareillement recherchées et calculées ; le frottement des machines, de nouveau soumis à l’expérience, et le travail de l’illustre Coulomb complété ; enfin, pour le génie maritime, un port, un arsenal, des vaisseaux du premier rang improvisés dans la basse Égypte ; et, dans la Thébaïde, les ressources de l’art naval appliquées à l’enlèvement de l’obélisque de Louxor comme à l’abattage d’un mât, avec tant de talent et de simplicité que huit hommes ont suffi pour modérer et régulariser la descente d’un obélisque qui pèse 3600 hommes.

Voilà les travaux des Raucourt, des Changey, des Poncelet, des Lesbros, des Piobert, des Morin, des Cérizy et des Lebas, tous enfants de l’École Polytechnique.

L’Observatoire de Paris offre un autre essaim glorieux de cette ruche immortelle. C’est là qu’ont été découvertes les plus belles lois des intermittences et de la polarisation, et leurs applications si neuves et si frappantes sur la nature même de la lumière du soleil et des autres astres. C’est là surtout qu’on s’est efforcé d’étudier les lois de la distribution de la chaleur, suivant la profondeur des couches de la terre. C’est là que nos astronomes ont recueilli dans ces dernières années près de cent mille observations sur l’aiguille aimantée, pour déterminer les lois des variations diurnes soit de l’inclinaison, soit de la déclinaison. Enfin, c’est là qu’on a reconnu le fait si remarquable de la perturbation des mouvements magnétiques par les aurores boréales même à d’énormes distances.

Maintenant, à l’Observatoire, on découvre ou signale de telles aurores, complétement invisibles à Paris : plus tard nous apprendrons qu’elles sont apparues aux extrémités de l’Europe et même par-delà l’Océan, sur le continent de l’Amérique.

L’astronome célèbre auquel appartient cette découverte a fait pour la science une autre conquête peut-être plus difficile. L’Observatoire, riche en instruments qui sont l’honneur de notre industrie récente, n’offrait pas de constructions spacieuses qui leur assurassent la parfaite immuabilité, ni la facilité, ni la sécurité des observations ; en un mot, qui n’offrait pas les conditions impérieuses d’une science dont les progrès futurs exigent une précision