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lumineuses si bizarrement accouplées dans ces différentes modifications du spectre, on trouve que l’énergie calorifique est plus ou moins diminuée selon la nature du verre interposé ; mais le maximum reste toujours à peu près dans la même position au-delà du rouge, dans l’espace obscur, et les températures des zones successives décroissent constamment de chaque côté avec la plus grande régularité. Ainsi, malgré l’interposition des verres de couleur, l’intensité de la chaleur va sans cesse en augmentant du violet au rouge, tandis que l’intensité de la lumière subit des variations très irrégulières, qui rendent une zone donnée tantôt plus forte tantôt plus faible que la zone suivante.

» Faisons abstraction de ce qui se passe dans la partie obscure, et fixons notre attention sur la partie visible du spectre normal où chaque bande lumineuse est accompagnée d’une bande calorifique douée de la même réfrangibilité. Que voyons-nous ? D’un côté des milieux incolores qui n’exercent aucune action sur les rayons lumineux, et altèrent totalement les relations d’intensité des rayons calorifiques concomitants. De l’autre, des milieux colorés, qui changent tout-à-fait les énergies relatives des rayons lumineux, sans altérer la régularité des rapports qui existent entre les rayons calorifiques correspondants.

» Mais si les deux effets de chaleur et de lumière étaient produits par le même mode d’ondulation éthérée, il est évident qu’à une réduction de force éprouvée par un rayon donné de lumière simple, devrait correspondre une réduction exactement proportionnelle dans le rayon de chaleur qui possède la même réfrangibilité. Or, non-seulement les variations d’intensité, introduites dans chacun des deux agents par l’interposition de certains milieux incolores et colorés, ne se correspondent pas dans toute la partie lumineuse du spectre, mais souvent elles ont lieu en sens contraire. Donc la lumière et le calorique rayonnant doivent leur origine immédiate à deux causes distinctes[1].

  1. Ces deux causes ne sont peut-être elles-mêmes que des effets différents d’une cause unique : la conclusion qui me paraît ressortir évidemment de mes expériences, n’est donc nullement contraire à la théorie générale des ondulations, où l’on suppose que la lumière et la chaleur rayonnante dérivent des mouvements imprimés à l’éther par l’état d’agitation où se trouvent les molécules des corps lumineux et des corps chauds. Seulement il faudra admettre dans cette théorie que les rayons lumineux et les rayons calorifiques, consistent en deux modifications essentiellement distinctes de la manière d’être du fluide éthéré.