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toujours un groupe d’ondes possédant simultanément les deux propriétés de chauffer et d’illuminer.

» Ainsi, dans cette manière de voir, aucune différence essentielle n’existerait entre le calorique rayonnant et la lumière. Une série très étendue d’ondulations éthérées donnerait la sensation de la chaleur en tombant sur les diverses parties de notre corps : un nombre plus restreint de ces mêmes ondulations calorifiques, seraient douées de la faculté d’imprimer à la rétine un mouvement vibratoire propre à exciter la sensation de la lumière.

» On n’avait pas encore assigné de cause à la brusque transition des ondes purement calorifiques, aux ondes plus courtes qui sont en même temps calorifiques et lumineuses. M. Ampère en a trouvé une très plausible dans les phénomènes qu’offre la transmission immédiate de la chaleur terrestre par l’eau.

» Si l’on chauffe un boulet de fer à diverses températures, et qu’on le présente successivement à un thermoscope très sensible, placé derrière une couche, de 3 à 4 millimètres, d’eau pure ou chargée d’un sel quelconque, le thermoscope ne donne aucun signe d’échauffement, tant que la masse métallique se conserve obscure : mais il accuse une légère transmission calorifique aussitôt que le boulet devient d’un rouge bien décidé. Or l’œil contient une certaine quantité d’humeur aqueuse. Les mêmes faits d’absorption et de transmission se passeront donc dans l’intérieur de cet organe qui ne laissera parvenir sur la rétine que la série d’ondes donnant le calorique lumineux.

» On comprend bien, dans la supposition d’identité entre les deux agents, pourquoi les rayons calorifiques se propagent en ligne droite, et pourquoi ils se réfléchissent en formant l’angle de réflexion égal à l’angle d’incidence.

» Il est vrai qu’une disparité remarquable, quant au mode de propagation, se manifeste lorsque le rayonnement calorifique et le rayonnement lumineux viennent frapper la surface des corps diaphanes solides et liquides : car alors une portion seule de chaleur rayonnante traverse immédiatement le milieu, comme la lumière, tandis que l’autre se transmet lentement de couche en couche. Mais on peut se rendre raison, jusqu’à un certain point, de ce phénomène, en admettant que la chaleur ordinaire de conductibilité consiste en un mouvement vibratoire imprimé par les ondulations éthérées de toutes longueurs aux molécules antérieures, du milieu, et propagé ensuite de proche en proche jusqu’à la surface postérieure.