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moyenne de neuf années et pour la France entière. Cette seule donnée ne suffit pas pour déterminer la probabilité antérieure au jugement, de la culpabilité de l’accusé, et la chance d’erreur du vote de chaque juge ; en supposant les jugements prononcés par trois juges, ce qui paraît avoir lieu généralement, il faudrait aussi savoir suivant quelle proportion les condamnations ont eu lieu à l’unanimité, ou à la simple majorité de deux voix contre une. Mais quelle que soit cette proportion, qui n’est pas connue, on peut du moins s’assurer que la probabilité que les juges des tribunaux de police correctionnelle ne se trompent pas dans leurs votes, est supérieure à celle qui avait lieu pour les jurés avant la question des circonstances atténuantes ; et si l’on assimile, à la vérité un peu gratuitement, le vote de ces juges à celui des jurés depuis que cette question a été introduite, et que l’on prenne pour la probabilité qu’il n’est point erroné, on trouve pour la probabilité, avant le jugement, de la culpabilité des accusés. Cette probabilité, après leurs condamnations, serait encore plus grande et ne différerait de l’unité que de 0,006 ; mais la proportion des coupables acquittés s’élèverait à près d’un 10e, ou aux deux tiers du nombre total des acquittements.

» Les tribunaux militaires se composent de sept juges ; les condamnations ne peuvent être prononcées qu’à la majorité d’au moins cinq voix contre deux ; on évalue leur nombre aux deux tiers de celui des accusations ; ce qui est à peu près la même proportion que dans les cours d’assises avant 1831 et à l’époque actuelle. Cette seule donnée ne suffisant pas pour déterminer les valeurs spéciales des deux quantités contenues dans les formules de probabilité, on est donc obligé de faire une hypothèse, plus ou moins vraisemblable, sur l’une de ces valeurs : si l’on suppose que la probabilité de ne pas se tromper soit égale à pour un juge militaire, comme pour un juré, on trouve 0,77 et 0,98, pour les probabilités que l’accusé est coupable avant le jugement et après qu’il est condamné, et un peu plus de 0,011 pour la proportion des coupables acquittés. Quoique la probabilité 0,98 approche beaucoup de la certitude, cependant la proportion des condamnés non coupables s’élèverait à du nombre des accusés ; mais il convient d’observer que les conseils de guerre comprennent dans leurs attributions, les procès criminels et ceux de simple police correctionnelle ; et il y a lieu de croire que c’est dans ceux-ci que se trouve le plus grand nombre de condamnations erronées ; cette qualification étant prise d’ailleurs dans le sens qui a été expliqué plus haut. Quoi qu’il en soit, en comparant la justice militaire aux jurys sous la législation actuelle, il