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» Tout récemment mon collègue à la Société Entomologique, M. le docteur Aubé, a bien voulu me remettre deux petits corps irrégulièrement arrondis, rugueux à leur surface, d’un jaune grisâtre et d’un aspect un peu cristallin, qu’il avait trouvé en disséquant un cerf-volant femelle (lucanus capreolus).

» C’était deux calculs qui s’étaient formés dans la portion des canaux biliaires qui rampent à la surface des intestins ; ils obstruaient entièrement ces canaux de chaque côté et ils en avaient singulièrement distendu les parois, ce que l’on concevra facilement lorsqu’on saura que l’un de ces calculs, le plus gros, n’avait pas moins de deux millimètres en tous sens, tandis que le vaisseau qui le contenait n’atteint pas ordinairement en largeur le quart de cette dimension.

» Les deux calculs furent retirés de la cavité des vaisseaux biliaires. On ne saurait donc avoir aucun doute sur leur origine.

» Mais quelle était leur nature ? Dans les grands animaux on trouve souvent dans les canaux biliaires, aussi bien que dans les conduits urinaires, des concrétions pierreuses ; leur composition est très différente : dans le premier cas ils sont formés essentiellement de cholestérine et dans le second d’acide urique. L’analyse seule pouvait lever ici le doute et décider cette question importante de physiologie.

» Je ne désespérai pas, malgré la petitesse des calculs, de constater la présence de l’acide urique, s’ils en contenaient ; car personne n’ignore que la chimie possède le moyen d’en reconnaître les moindres parties.

» Un des calculs, le plus petit (il était gros comme un très petit grain de millet), fut facilement pulvérisé et placé dans une capsule de porcelaine, où l’on versa quelques gouttes d’acide nitrique étendu d’eau, et que l’on chauffa légèrement à la flamme d’une lampe. La matière fut dissoute par l’acide, et celui-ci ne tarda pas à s’évaporer. Bientôt l’évaporation fut complète, et l’on obtint sur les parois de la capsule un résidu d’un beau rouge, absolument semblable à celui qui se forme lorsqu’on traite de la même manière une petite portion d’un calcul humain d’acide urique. L’expérience fut même faite comparativement sur un fragment de cette espèce, et les deux résultats, mis à côté l’un de l’autre, n’offraient aucune différence.

» La présence d’un calcul d’acide urique à l’intérieur des vaisseaux biliaires des insectes, me semble établir, d’une manière péremptoire, que ces vaisseaux sont des organes de sécrétion urinaire.

» Je crois ensuite pouvoir en conclure, que si ce fait est mis hors de