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» Il faut donc reconnaître qu’il existe une contradiction manifeste entre les théories physiologiques universellement admises et les faits anatomiques les mieux constatés ; aussi deux auteurs modernes Gaede et Meckel ont-ils été conduits à refuser aux vaisseaux biliaires l’usage qu’on leur accorde généralement.

» Dès l’année 1819 Gaede, professeur à l’université de Liége, a soutenu que les vaisseaux biliaires n’étaient pas des organes sécréteurs, mais bien des organes absorbans qui puisaient dans le canal intestinal le fluide nourricier pour le verser dans le corps de l’insecte. C’était évidemment remplacer une hypothèse par une supposition moins admissible ; car si l’auteur leur refusait, à cause de leur insertion anale, toute participation à l’acte digestif, on conçoit que leur abouchement avec le sac stercoral était plus défavorable encore lorsqu’il s’agissait de puiser des molécules nutritives.

» Meckel, se fondant sur des considérations d’un autre genre, a combattu en 1826 la manière de voir de Gaede ; suivant lui les vaisseaux hépatiques seraient sécréteurs ; mais ils ne sécréteraient pas uniquement de la bile ; ils produiraient en même temps un liquide urinaire, ou bien encore il pourrait se faire qu’ils soient des organes exclusivement urinaires.

» Cette théorie n’était appuyée sur aucun fait, elle ne reposait sur aucune expérience, et cependant elle était étayée, quoique médiatement par une observation importante dont on est redevable à la chimie.

» Depuis assez long-temps on a constaté la présence de l’acide urique chez les insectes, soit en les analysant en entier, ainsi que l’a fait, en 1810, M. Robiquet dans son beau travail sur les cantharides, soit en examinant la matière qu’ils rejettent par l’anus peu de temps après leur dernière métamorphose comme l’ont observé Brugnatelli et M. John. C’était un avis important donné aux anatomistes et qui leur apprenait qu’il y avait un organe à découvrir sécrétant cet acide urique. Étaient-ce les vaisseaux biliaires qui remplissaient cette fonction, ou bien les parois des intestins, surtout celles du cœcum, ou bien encore certains appareils de sécrétion situés dans le voisinage de l’anus et analogues à ceux qui, suivant les espèces, produisent un liquide vénéneux, irritant ou vaporisable ? L’examen des matières prises directement dans ces divers organes aurait pu résoudre la question. J’avais tâché, dans mes diverses dissections, d’en réunir une quantité suffisante pour l’analyse ; mais j’étais encore loin du but, lorsqu’un hasard heureux est venu me servir.