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nous en avons encadré les résultats dans un tableau synoptique qui fera partie essentielle du rapport et que nous avons l’honneur de présenter à l’Académie.

» Il nous reste maintenant à nous étayer de ces données pour répondre aux différentes questions qui nous ont été adressées. — La première est ainsi conçue :

« Déterminer si l’eau filtrée de la Garonne serait préférable aux autres eaux de sources pour la consommation de Bordeaux, tant pour la boisson de ses habitans que pour les usages industriels et l’irrigation de ses rues, promenades, places, etc. »

» Il résulte de nos expériences que l’eau filtrée de la Garonne doit être préférée à celles qui lui sont opposées, si l’on ne veut avoir égard qu’à leur composition, car elle est incontestablement plus pure que toutes les autres, et même un peu plus pure que notre eau de Seine. En effet le réactif le plus sensible pour déceler la présence des hydro-chlorates la louchit à peine ; les sels barytiques solubles n’en troublent pas du tout la transparence : elle ne contient donc point de sulfates. Il en est de même pour l’ammoniaque et pour l’eau de chaux : ainsi aucun sel magnésien n’entre dans sa composition pour une quantité notable. La teinture de noix de galle, qui, avec le temps et le concours de l’air, trouble fortement les eaux qui lui sont comparées, n’y produit aucun effet. L’acide gallique, qui, en vaisseaux clos, développe peu à peu dans les trois eaux de source une teinte bleuâtre, la laisse incolore. Enfin l’eau de la Garonne ne fournit pour produit total de l’évaporation d’un litre que 0gr,152 de résidu. Celle qui vient après elle en fournit plus du double, 0gr,312 ; les autres 0,334 ; 0gr,366. L’eau de la Seine se rapproche beaucoup sous ce rapport de celle de la Garonne : elle donne, puisée au-dessus de Paris, 0gr,162 et celle d’Arcueil 0,466.

» Ajoutons encore que bien que les échantillons qui nous ont été adressés en juin pour être analysés, ne nous soient parvenus que deux mois après leur expédition, cependant ils n’avaient contracté aucune odeur hépatique ; disons aussi que l’eau qui nous a été envoyée filtrée avait conservé toute sa limpidité, et qu’elle est moins sensible que les autres aux réactifs employés pour reconnaître la présence des matières organiques.

» Il résulte de ce qui précède, que sous le rapport de la pureté, on ne saurait refuser la supériorité à l’eau de la Garonne filtrée ; mais reste à savoir maintenant jusqu’à quel point la filtration d’une aussi grande masse d’eau est possible. C’est à l’autorité locale à s’assurer si les compagnies