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connaître avec quel degré de confiance ces résultats peuvent être admis dans les applications. On voit que le calcul n’est point employé ici à l’établissement des résultats, mais seulement à déterminer la probabilité des conséquences auxquelles les observations ont immédiatement conduit, et à donner de cette probabilité une évaluation plus précise que le raisonnement seul n’aurait pu le faire.

» Mais on peut insister encore, et se refuser à admettre que l’emploi du calcul, réduit même à l’usage qui vient d’être indiqué, c’est-à-dire à la seule détermination du degré de probabilité des résultats, puisse inspirer une entière sécurité dans les questions du genre de celles dont il s’agit. L’auteur remarque sur ce point que le seul motif par lequel on pourrait se refuser à admettre avec confiance les résultats du calcul, c’est parce que l’on jugerait les élémens des questions trop nombreux, trop divers et trop variables pour qu’ils pussent être embrassés tous avec l’exactitude et la justesse nécessaires. Il ajoute que, dans presque tous les cas où l’utilité de l’application du calcul n’est pas contestée, les questions naturelles sont également beaucoup trop complexes pour que tous leurs élémens puissent être pris en considération. L’art du géomètre consiste surtout à distinguer les élémens principaux, et à former une question abstraite, aussi ressemblante qu’il est possible à la question naturelle, et à laquelle les méthodes analytiques puissent être appliquées. Des exemples sans nombre montrent que les solutions obtenues de cette manière, quoique s’écartant en quelques points des effets naturels, jettent cependant un grand jour sur les questions, et conduisent toujours à des résultats utiles. L’application du calcul des probabilités au sujet dont on s’occupe, offrirait nécessairement un caractère analogue et une utilité non moins grande. La solution des questions abstraites que l’on aurait formées dans chaque cas particulier, et à laquelle l’analyse mathématique s’appliquerait avec rigueur, quoique différant généralement à quelques égards de la solution qui pourrait appartenir à la question véritable, répandrait néanmoins, sur cette question, une grande lumière. L’esprit se trouverait toujours, après une telle solution, dans une condition bien différente de celle où l’aurait laissé l’absence totale de toute recherche.

» L’auteur ne pense pas que cette circonstance, que dans la médecine appliquée la question est toujours individuelle, et que le médecin n’a jamais qu’un seul homme à traiter, puisse faire rejeter un mode de recherche qui consiste à déduire des résultats généraux de l’ensemble des faits observés. Il lui semble, en effet, que le médecin ne résout jamais cette