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caractère véritablement scientifique, et toute la rigueur et la précision que leur nature puisse comporter. Ces conclusions sont principalement appuyées sur les considérations suivantes :

» La question consiste ici à juger s’il est utile aux progrès de la médecine de recueillir et d’enregistrer d’une manière méthodique les observations, de les classer, de les rapprocher et de les énumérer ; et si l’on peut déduire de ce mode d’investigation des résultats propres à guider avec avantage dans les applications.

» L’utilité des observations mêmes, et l’avantage que l’on trouverait à les recueillir et les discuter d’une manière impartiale ne peuvent être contestés. On semble seulement ne vouloir point admettre l’utilité des énumérations dont on vient de parler, et des résultats qui peuvent en être déduits au moyen du calcul, parce que les questions dont il s’agit semblent trop différer des questions appartenant à la physique et à la mécanique auxquelles on n’ignore point que le calcul a été appliqué avec un grand avantage.

» L’auteur répond que l’usage du calcul dans les questions de médecine, auquel l’emploi des procédés de la statistique pourrait donner lieu, diffère beaucoup de l’usage que l’on en fait dans les recherches de physique ou de mécanique. Dans ces dernières, l’observation des phénomènes a fait découvrir les lois simples et générales qui les régissent : les conséquences de ces lois sont développées par le raisonnement aidé de l’analyse mathématique, et l’on peut ainsi prévoir les effets naturels, et les soumettre à une investigation dont l’expérience confirme ensuite les résultats. Cette méthode n’est point encore appliquée aux questions de médecine, et peut-être ne pourra-t-elle jamais l’être, à raison de la complication extrême des phénomènes, et de la difficulté de découvrir les lois naturelles dont ils dépendent. La médecine semble donc devoir être principalement ce que l’auteur appelle une science d’observation ; c’est-à-dire qu’elle doit être traitée par cette autre méthode qui consiste à observer les faits d’abord d’une manière générale, puis d’une manière plus particulière, en distinguant avec une précision et un détail de plus en plus grands les circonstances qui leur appartiennent. La science peut et doit se former ainsi, uniquement par l’enregistrement, le classement méthodique, le rapprochement impartial et l’énumération des faits observés. Les résultats ne sont point donnés par le calcul ; ils sont immédiatement déduits de l’observation. Mais l’emploi du calcul des probabilités vient donner à cette méthode la rigueur et l’exactitude nécessaires, et lui apporter le seul complément qu’elle comporte, en faisant