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L’Académie approuve les conclusions de ce rapport. Elle décide, en outre, qu’il sera imprimé, en entier, dans le Compte rendu de cette séance.

Médecine. Notice sur l’épidémie du choléra-morbus indien qui a régné dans les ports méridionaux de la Méditerranée et dans toute la Provence, pendant les mois de juillet et d’août 1835 ; par M. Larrey.

« Conformément au désir que l’Académie m’en a exprimé, j’ai l’honneur de lui offrir le résumé des observations que j’ai faites, des mesures que j’ai prises ou conseillées partout où je suis passé, et de la méthode rationnelle du traitement relatif à l’épidémie du choléra que j’ai introduite dans tous les hôpitaux civils ou militaires des villes frappées de cette maladie.

» Il est bien évident qu’un concours de causes graves a fait développer, dans la contrée que je viens de parcourir, le choléra-morbus indien dont le principe morbifique paraît avoir réellement été transmis de l’Inde, où il est endémique ; que certains vents l’ont successivement entraîné jusqu’à cette zone, et que dans sa marche, recevant en plus ou en moins des surfaces qu’il a parcourues, des émanations propres à son développement, ses effets sur l’homme ont été plus ou moins fâcheux, selon l’état moral, l’idiosyncrasie ou le défaut d’intégrité physique de celui-ci.

» Le passage de cette sorte d’effluve épidémique sur les ports méridionaux de la Méditerranée et sur les lieux circonvoisins où il a sévi avec tant de force, coïncidant avec les émanations insalubres qui s’élèvent habituellement des bassins de la plupart de ces ports ou d’autres sources miasmatiques, le concours de ces deux circonstances a fait développer les propriétés pernicieuses de cette épidémie et a imprimé sur les habitans plus ou moins accessibles à ses effets, cette sorte de stupeur qui produit immédiatement une vraie névrose ataxique, caractère distinctif de ce choléra qui a décimé les populations des pays où il est passé. Ainsi, le bassin du port de Toulon, comme celui du port de Marseille, recevant les immondices de la ville par les aqueducs qui s’y abouchent, fournissent dans certaines circonstances des émanations insalubres. Cependant, il n’a fallu rien moins qu’une saison aussi chaude que celle qu’on a subie en Provence, cette année, pendant les mois de juillet et d’août, et sur les bords de la Méditerranée (où le thermomètre de Réaumur n’a cessé de marquer 29, 30, 31 et 32 degrés au-dessus de zéro), pour que les eaux de la mer n’aient point entièrement neutralisé les gaz pernicieux qui se dégagent des