Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.

entièrement à la double catastrophe que nous venons de faire entrevoir.

» Plusieurs usines concoururent dans le temps à la construction de la machine d’Huelgoat. M. Wilson, de Charenton, fit exécuter, sur les dessins de M. Juncker, la machine proprement dite. M. Émile Martin, de Fourchambault, fabriqua le long système de tirans dont nous avons si souvent parlé ; d’autres fournirent les tuyaux. Ces tuyaux, essayés à la presse hydraulique sous une pression supérieure, il est vrai, à celle qu’ils devaient supporter, se trouvèrent tellement poreux, que l’eau jaillissait de leur surface dans toutes sortes de directions, en filets plus ou moins capillaires. Pour remédier à cet inconvénient, M. Juncker s’avisa d’un moyen qui déjà, nous le croyons du moins, avait été employé par d’autres ingénieurs. Les tuyaux défectueux furent remplis d’huile de lin siccative, puis soumis à l’action de la presse hydraulique alimentée elle-même avec de l’huile de lin ordinaire. Aucun suintement gras ne se fit remarquer extérieurement, et, toutefois, l’opération avait obstrué les pores, puisque ces mêmes tuyaux, essayés quelque temps après avec l’eau, se montrèrent imperméables, et que depuis qu’ils sont en place, pas une goutte de liquide ne s’est échappée sous des pressions de 15 à 20 atmosphères.

» À la suite de l’opération dont nous venons de rendre compte, la fonte grise des tuyaux se trouva couverte, à l’intérieur, d’un enduit ou vernis fortement adhérent, qui la défend contre l’oxidation et même contre l’action des eaux acides de la mine d’Huelgoat. Ne serait-ce pas là, dit M. Juncker, un moyen simple d’empêcher la précipitation si fâcheuse de tubercules ferrugineux qui s’opère dans les tuyaux de conduite des fontaines de Grenoble.

» Disons, en terminant, que tant d’études, tant d’ingénieuses combinaisons, tant de travaux, tant d’expériences, n’ont pas été en pure perte. La machine d’Huelgoat a réalisé toutes les prévisions de la science. Depuis trois années et demie, elle fonctionne, nuit et jour, à l’entière satisfaction des propriétaires. La régularité, la douceur, le moelleux de ses mouvemens, l’absence complète de bruit, ont été un juste sujet d’admiration pour les ingénieurs de divers pays qui l’ont examinée. Il est vraiment regrettable qu’une machine si belle, si puissante, si habilement exécutée, et qui fait tant d’honneur à notre industrie, soit reléguée à l’une des extrémités de la France, dans un canton rarement visité. Elle n’aurait pas manqué, sans cela, d’exciter le zèle des propriétaires de mines, et les