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saline, entre la source et le point où l’évaporation s’opère, offre un développement de tuyaux d’une longueur de 109000 mètres ou de 27 lieues de poste ; enfin que le résultat utile, comparé à la dépense de force, atteint, sur divers points, la fraction 72 centièmes ! Quand il rapproche ce nombre du résultat qu’obtenaient, avec les anciennes machines à colonne d’eau, les ingénieurs Hoëll et Winterschmidt, le mécanicien étonné se demande naturellement quelles ont été, parmi les diverses innovations dues à Reichenbach, celles qui ont le plus contribué à une pareille amélioration. Suivant M. Juncker, il faudrait les ranger dans l’ordre suivant :

» L’adoption d’un régulateur à piston tellement construit, que les colonnes d’eau se meuvent, s’arrêtent sans chocs appréciables ;

» L’idée d’emprunter à la colonne d’eau motrice, la force nécessaire pour faire agir ce régulateur avec une précision presque mathématique ;

» L’emploi d’orifices d’admission et d’émission fort grands, de telle sorte que la veine fluide n’éprouve plus ni contractions ni vitesses excessives ;

» La disposition qui permet de faire agir directement la puissance sur la résistance, sans aucun intermédiaire de balanciers, leviers coudés, etc.

» La substitution, quelle que soit la hauteur de la colonne de refoulement, d’une pompe unique à la multitude de pompes placées à divers étages dont on se servait jadis.

» L’examen minutieux de tant d’ingénieuses conceptions devait, de plus en plus, confirmer M. Juncker dans sa première pensée que les machines à colonne d’eau pourraient seules sauver les mines d’Huelgoat de la submersion complète dont elles étaient menacées ; aussi, se décida-t-il à prendre irrévocablement pour guide les travaux de Reichenbach. On aurait grand tort, toutefois, d’imaginer que le rôle de copiste, que s’attribue si modestement M. Juncker, fût exempt d’immenses difficultés ; il fallait, en effet, que la machine projetée eût une puissance prodigieuse, une puissance double au moins de celle que possède la machine déjà citée d’Illsang. En Bavière, tout se trouve établi, maintenu, étayé au grand jour, dans un espace indéfini, sur un terrain solide ; à Huelgoat, au contraire, la machine, la pompe, les tuyaux, devaient être placés ou plutôt suspendus dans un puits resserré, et le long duquel se rencontraient fréquemment des couches ébouleuses. Dans les établissemens bavarois, l’appareil moteur est immédiatement au-dessus de la pompe foulante des eaux salées. En Bretagne, ces deux parties de l’appareil ne pouvant être que fort éloignées verticalement, il fallait pourvoir à l’équilibration de tiges très longues, très rigides et, dès lors, très pesantes destinées à les réunir.