Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tions des actionnaires, la proposition fut agréée, et M. Juncker se rendit en Bavière pour y voir fonctionner des machines de cette espèce, construites sous la direction de M. Reichenbach, et qui, malgré le peu que l’on savait alors de leur importance, semblaient mériter l’examen scrupuleux d’un homme de l’art.

» M. Reichenbach, que l’Académie a compté parmi ses correspondans, est principalement connu en France par les beaux instrumens d’astronomie et d’optique sortis du célèbre atelier de Benedic Bauern ; les grandes et ingénieuses machines dont la Bavière et l’Autriche lui sont redevables, ne témoignent pas moins de la haute portée de ses conceptions industrielles, et de la fécondité de son esprit inventif. M. Juncker, après avoir payé un juste et touchant tribut de reconnaissance à la mémoire de cet excellent homme, décrit succinctement les magnifiques établissemens de Saltzbourg.

» La Bavière, en 1825, produisait annuellement 75000 quintaux de sel. Une partie provenait de sources : elle était extraite par voie d’évaporation, à l’aide des moyens connus ; l’autre, tirée d’abord d’une mine située dans la vallée de Berchtesgaden, était transportée à Reichenhall, où elle subissait une purification par dissolution. Mais le transport de ce sel gemme, quoique plus avantageux que ne l’aurait été celui du combustible dans la vallée étroite et peu boisée de Berchtesgaden, était cependant fort coûteux. D’après les idées de Reichenbach, ce système fut entièrement abandonné : c’est à l’état liquide, dans des tuyaux de conduite, et après avoir été convenablement élevé à l’aide de deux puissantes machines à colonne d’eau, que le sel est maintenant expédié par-delà les montagnes Abruptes, dernières ramifications des Alpes tyroliennes, qui séparent Berchtesgaden de Reichenhall. Ainsi, le bois, qui ne peut être rendu liquide, ne va plus aujourd’hui chercher le sel ; c’est, au contraire, le sel qui marche de lui-même à la rencontre du bois.

» Nous regrettons que les bornes de ce rapport ne nous permettent pas de faire connaître en détail cette gigantesque entreprise. Nous dirons, toutefois, pour en donner une idée, que, dans son trajet, l’eau salée est soulevée à quatorze reprises différentes au moyen d’un pareil nombre de pompes foulantes mues par neuf machines à colonne d’eau et par cinq roues à augets ; que l’une de ces premières machines, celle de la localité nommée Illsang, marche sous l’action d’une chute d’eau de plus de 100 mètres, et refoule l’eau salée, d’un seul jet, à une hauteur verticale de 356 mètres ; que la conduite parcourue par la dissolution