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19e  siècle, relativement à la population française. Voici sur quelles bases son travail repose.

» Son point de départ est le dénombrement ordonné par Louis XIV vers l’année 1700 ; il a réuni les observations et les évaluations faites ou publiées par Dupré de Saint-Maur, Buffon, Messence, Expilly, Moheau et Necker, qui donnent des valeurs approximatives de la population depuis 1740 jusqu’à 1780. Vient ensuite l’évaluation d’après l’état des naissances de la France entière de 1770 à 1783, par Laplace, Condorcet et Dionis du Séjour.

» L’Assemblée constituante fit opérer un dénombrement vers la fin de 1790.

» Si la cause d’accroissement de la population pouvait agir seule pendant un temps déterminé, les nombres exprimant les sommes annuelles de la population se succéderaient en progression géométrique dans toute l’étendue de ce temps. Si l’on fait cette recherche à partir de 1700, en formant une progression géométrique pour chaque époque, on trouve : de 1700 à 1777, pour raison de la progression, 1,003 047 ; de 1700 à 1791, pour raison, 1,003 200 ; de 1700 à 1801 , pour raison, 1,003 269. Ces raisons diffèrent fort peu les unes des autres, et leur valeur moyenne semble propre à donner l’expression très approchée de l’accroissement moyen supposé constant pour tout le 18e siècle.

» Les différences entre les valeurs déduites ainsi théoriquement et celles que donne l’observation, sont généralement peu considérables ; elles annoncent que, dans la dernière partie, l’accroissement annuel de la population était plus rapide. Au contraire, dans les premières années du 18e siècle, jusqu’à la mort de Louis XIV, en 1715, les malheurs publics, la famine et les grands hivers l’avaient considérablement ralenti.

» Si l’on faisait une nouvelle courbe logarithmique de population entre 1801 et 1715, en supposant la population de 1700 stationnaire jusqu’à cette dernière époque, on obtiendrait une courbe assez propre à représenter la marche accélérée de la population, telle qu’on la trouve dans la dernière partie du siècle. Elle exprimerait une progression ayant 1,003 815 pour raison ; nombre à peu près égal au progrès réel de 1791 à 1801.

» Passons au 19e siècle, pour lequel il existe le dénombrement de 1801, fait sous le ministère de Chaptal, un second recensement fait dans les années 1806, 1807, 1808 ; enfin, les états de population soigneusement publiés chaque année par le Bureau des Longitudes, et calculés par le savant M. Bouvard.