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NOMMÉ GARDIEN DE LA RIVIÈRE GODBOUT

parce que les Sauvages avaient barré au filet la meilleure pêche au saumon, et la nuit venue, employaient le harpon dans d’autres endroits pour prendre le saumon. Mon père leur dit qu’il avait vu les délinquants et que ceux-ci arriveraient sous peu. Ils firent, en effet, leur apparition à l’heure convenue et expliquèrent qu’ils étaient à court de vivres, et que la Compagnie de La Baie d’Hudson, qui venait de fermer son poste dans l’endroit, leur avait permis de faire la pêche, etc. Ils promirent de mieux se comporter, si on leur donnait des vivres, et si on leur promettait de ne pas intenter de poursuites contre eux. Ce à quoi le Dr consentit. On leur remit un baril de lard et quelques autres effets. Ce fut une ronde de poignées de main, et l’affaire se trouva si bien réglée que, à une seule exception près, aucune autre difficulté n’a encore surgi jusqu’à aujourd’hui.

— « Bon ! s’écria le Dr en s’adressant à mon père, il y a une autre chose que je désire vous demander, c’est d’essayer de nous trouver un gardien pour cette rivière ».

Il expliqua que ce serait pour peu de temps chaque saison, depuis le 15 juillet jusqu’à la fin d’août, ce qui comprenait toute la période durant laquelle les Sauvages étaient sur le littoral ; après cela, ils gagnaient l’intérieur du pays pour faire la chasse. Pour ces six semaines de garde, il était prêt à payer quarante piastres, avec en plus l’usage, comme résidence, de la maison abandonnée de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

Quarante dollars, pensai-je, ça m’aiderait à acheter un fusil à capsule, des pièges en acier et des munitions.

— Papa, dis-je, veux-tu me permettre de rester ici ?

Le brave docteur me regarda tout étonné.