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LA TRUITE

sionnements constants de saumon, en dépit de la capture excessive qui s’en fait au filet. L’expérience et les observations démontrent qu’il ne peut y avoir abondance de truite dans une rivière à saumon sans que celui-ci en souffre. Avant 1876, on n’avait jamais pris de saumon à la mouche dans la rivière Trinité. Plusieurs pêcheurs de renom l’avaient tenté : le Dr Adamson, Messieurs W. F. Whitcher et Richard Nettle ainsi que deux anglais nommés Moore et Dalmiteh, qui avaient affermé la rivière ; comme pêche au saumon, ils n’eurent pas de succès, mais ils prirent de la truite autant qu’ils le voulurent ; ce qui fit que l’on regarda la rivière après cela comme une rivière à truite seulement.

À bonne heure en 1876, je demandai et obtins du ministère de la marine et des pêcheries à Ottawa, un permis gratuit de pêche, dans le but de faire l’essai de la rivière en vue du développement de la pêche au saumon. Au mois de juillet de la même année, je passai une semaine sur la rivière, et réussis à prendre deux saumons, quelques grilses (saumons de premier retour) et assez de truites pour en emplir trois barils et demi.

À la saison suivante, on persuada le juge Henry de louer la rivière ; il y prit huit saumons, et alors on se mit à la besogne de réduire la quantité de truites qu’il y avait dans la rivière. On en prenait parfois de trois à quatre cents dans un coup de filet tendu dans une fosse. La truite diminuant de nombre, le saumon à son tour se mit à progresser. La rivière changea de locataires, mais la guerre à la truite n’en continua pas moins. Aujourd’hui, de même que depuis quelques années, on y capture en moyenne environ deux cents saumons par saison, et la rivière Trinité n’est plus une exception sous ce rapport. On a eu le même succès dans d’autres rivières.