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SERVICE DE LA POSTE

en couvrait le pied. Au lieu de revenir sur leurs pas pour reprendre la piste, ils commirent l’étourderie de tenter de faire le tour du rocher en grimpant. Ce faisant, Levesque qui était devant, perdit fond dans la neige molle et glissa jusque dans l’eau. Son compagnon, en essayant de revenir en arrière, eut le même sort.

Heureusement, la marée était basse ; ils se trouvèrent debout dans quatre ou cinq pieds d’eau. Après beaucoup de difficultés, ils parvinrent à se sortir de là tout trempés et grelottant.

J’avais fait un bon bout de route et je les attendais ; mais à la fin, ne les voyant pas venir, je devins inquiet ; je retournai sur mes pas pour voir ce qui avait pu arriver, et je trouvai leurs pistes dans la direction de la grève. Je connaissais le rocher, et je présumai qu’ils avaient fait le tour et qu’ils étaient en route vers le camp. Comme il se faisait tard, je crus devoir me hâter d’aller préparer notre campement. Cependant je restai indécis si je devais rebrousser route. J’avais comme une souleur qu’il était arrivé quelque chose, de sorte que je descendis à la course. C’était certainement providentiel, car je les trouvai à l’orée du bois, grelottant et sans allumettes ni l’un ni l’autre. Lévesque, en tombant, avait perdu ses mitaines et sa hache. Je les engageai à faire de l’exercice pendant que j’allumerais un feu. Après quoi, je coupai des branches pour nous asseoir et je les pressai de tordre une partie de leurs vêtements. Je fis fondre de la neige pour faire du thé chaud.

Il était alors trop tard pour continuer la route, et comme nous étions en un endroit exposé au vent et autres inconvénients, je décidai que nous retournerions sur nos pas jusqu’à un demi-mille où nous coucherions dans un camp abandonné de trappeur, que je connaissais.