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CHARLES MOREAU

ressenti pendant quelque temps. Je le rendis vite à terre. Il avait déjà perdu connaissance mais se remit bientôt ; je l’avais vigoureusement secoué en le soulevant par le milieu du corps, face contre terre.

Pendant ce temps-là, l’autre jeune garçon s’était sauvé en appelant du secours et en criant que Charles s’était noyé. En quelques minutes, toute la population indienne accourut et descendit sur la grève ; Charles fut transporté à son wigwam.

Cinq ans plus tard, je le sauvai une seconde fois. C’était au mois d’avril à la Pointe-des-Monts. Il faisait beau et nous étions à chasser le loup-marin, à trois milles ou environ du rivage. Il y avait bien, ça et là, quelques étendues de glaces dispersées, au milieu desquelles nous faisions le guet des loups-marins à coiffe (mitrés). Charles et un jeune sauvage étaient à environ un demi-mille à l’est de nous. Je l’entendis tirer, et, debout dans mon canot, je le vis harponner son loup-marin. Quand il n’y a pas de glace dans les environs, il est de coutume qu’un autre canot aille aider à hisser un loup-marin à bord, car il est impossible à un seul canot de haler à bord un animal de grosse taille. On peut sans beaucoup de risques, venir seul à bout d’un loup-marin de petit ou moyen poids. Dans ce cas-ci, comme il y avait beaucoup de glaces, nos gens n’avaient pas besoin d’aide.

Charles remorqua son loup-marin près d’un glaçon, où lui et son associé le halèrent. Le canot fut amené le long de la glace et renversé partiellement, en le maintenant dans cette position, pendant que l’autre faisait rouler le loup-marin par-dessus le bord du canot. Celui-ci fut redressé et le poids du loup-marin réparti de manière à assurer l’équilibre de l’embarcation.