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CHARLES MOREAU

— Si je n’avais pas d’autre chose à faire et si j’étais libre de faire de temps à autre une sortie, j’en mangerais à n’en plus finir.

Dans une conversation à propos des sauvages avec feu le colonel Allan Gilmour, pendant qu’il se trouvait ici en excursion de chasse, il m’arriva de lui mentionner l’un de ces exploits-là. Sans entretenir de doute là-dessus, il me dit qu’il aimerait être témoin de la chose. Comme Charles et sa famille venaient tous les ans à la Mission du mois de juillet, je résolus de faire de mon mieux, pour organiser une démonstration, à la satisfaction du colonel.

Quelques jours après, Charles fit son apparition. J’avertis M. Gilmour que j’avais Charles, mon homme, sous la main. Il fut réglé qu’il serait invité à dîner le lendemain, et que le cuisinier Rodgers prendrait note de tout ce que Charles mangerait. En retournant à la maison ce soir-là, j’arrêtai au wigwam de Charles, pour préparer les voies, en vue du programme du lendemain, afin d’en assurer le succès. Je lui dis donc :

— Tu es pour être invité demain, par M. Gilmour à dîner au camp, et je veux te dire ce que tu as à faire. Quand des messieurs comme M. Gilmour invite quelqu’un, c’est l’étiquette à la sauvage ou des manières correspondant à cela, qui sont de règle. Tu devras manger tant que tu pourras de chaque plat qu’on mettra devant toi ; autrement, si tu ne fais rien qu’y goûter, on prendra ça comme un manque de politesse ou même une insulte. Si j’étais à ta place, ajoutai-je, pour ne pas manquer mon coup, je ne déjeunerais pas demain matin, alors, je serais sûr d’être en bon appétit.

Il me répondit que c’était parfait et que je pouvais compter sur lui.