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CHASSE AUX OIES SAUVAGES

garnir sa carnassière. Je n’ai jamais séjourné dans l’endroit, mais il m’est arrivé d’y abattre de ces oiseaux en passant.

Sur les battures de Manicouagan et aux Sept-Iles, on fait la chasse aux oies, en général du bord des canots, ou en se cachant près d’une pointe où les oiseaux viennent se poser avec la marée ; — on fait une poule, comme on dit ici. Tirer du bord d’un canot est bien préférable et on obtient souvent de bons résultats en attaquant au vol. Le canot est bordé de branches de sapin ou d’épinette assez hautes et en quantité suffisante pour cacher à la fois et le pilote et le tireur. Quand une bande d’oiseaux est signalée, on dirige tranquillement le canot à leur rencontre, mais en tenant toujours l’aviron sous l’eau. Il faut aussi profiter du vent, s’il y en a, et se laisser aller à la dérive sur eux, à la condition cependant que la brise soit bien légère, car si l’on s’approche un peu vite, ils deviennent méfiants et s’envolent. Si c’est très à bonne heure au printemps et qu’il y ait des glaces flottantes, il vaut mieux déployer en paravent un morceau de coton. Le tireur et le pilote doivent également être tout de blanc habillés ; ils doivent spécialement avoir la tête coiffée d’un bonnet de coton. Je me suis approché comme ça en canot, si près de ces oiseaux, que j’en ai presque touché.

À mesure que la saison avance et que des arbres et autres débris descendent les rivières avec les grosses eaux du printemps, les branches forment les meilleurs paravents, et, tard dans l’automne, en septembre et octobre, on utilise des herbages secs. Aux autres endroits que j’ai mentionnés, principalement à la Grande Péninsule et à la Romaine, toute la chasse se fait au vol. Il y a de grandes étendues de pâture dans le voisinage, grèves immenses couvertes par pla-