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UNE CHASSE DE L’ANCIEN TEMPS AU CARIBOU

de roulement. C’était un train qui allait à l’est. Bientôt, ce fut le sifflet de la locomotive qui signalait une traverse. Quelques secondes après, le train passait comme un éclair, à une couple de cents verges d’où je me trouvais. Maintenant, j’étais certain que mon gibier avait disparu, du moins, pour le moment ; je ne crois pas qu’il existe un animal sauvage qui pourrait subir un tel fracas sans s’effaroucher.

Que l’on se figure ma surprise, lorsque j’aperçus le caribou qui broutait tranquillement à environ soixante verges plus loin. Je me trouvais alors à environ soixante pieds de lui. Je le regardai faire pendant quelques instants, arrachant et croquant une sorte de mousse verte, de la forme de ces grandes feuilles qui poussent à l’ombre de gros arbres penchés.

C’était l’autre bout de la piste, et c’en fut tôt fini. Une balle à l’arrière de la tête le terrassa. C’était un magnifique mâle, qui, une fois dépecé donnait 185 livres.

J’avais tiré à quatre-vingts verges de la voie ferrée. Je revins par la ligne du chemin de fer, et dans la soirée je retournai le chercher avec un berlot.

Comme M. Méthot ne se sentait pas disposé à reprendre la chasse nous reprîmes le chemin de Québec.

Quelques jours plus tard, magnifique dîner chez M. Chinic, avec un rôti de filet de caribou comme pièce de résistance. Tel fut le dénouement de notre partie de chasse.

Le boudin montagnais (d’estomac de caribou) ne figurait pas sur le menu.