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UNE CHASSE DE L’ANCIEN TEMPS AU CARIBOU

squaw le perce alors avec une cheville de bois, ce qui permet au gaz de s’échapper. Au bout d’environ une semaine, il est tout à fait sec, formant un gâteau de couleur brique, et il est à point pour la consommation. Quelques-uns le mangent sec comme ça, mais la manière ordinaire de le manger est en ragoût. On fait bouillir de l’eau, on y égrène un morceau de ce mélange de mousse, de sang et de poil de caribou, et l’on y ajoute assez de farine pour donner la consistence désirée. On mange alors ce met, comme une soupe.

Tous les os, surtout ceux des pattes, sont ramassés, cassés à la hache et mis à bouillir dans un grand chaudron. Toute la moelle qui vient à la surface est recueillie et mise à part à refroidir. On laisse encore bouillir les os pendant plusieurs heures, généralement toute la nuit. Le lendemain on met le chaudron à l’air, où la graisse ordinairement monte à la surface et se solidifie. On enlève cette graisse, on jette d’autres os dans le chaudron et l’on recommence les mêmes procédés.

Quand on a pu recueillir du suif et de la moelle suffisamment pour en faire un pain, on le remet fondre, la moelle étant hachée fin et on met à refroidir dans un moule d’écorce de bouleau. Un pain de bonne grosseur pèse environ de dix à quinze livres, est blanc comme neige avec les petits fragments de moêlle ressemblant à des raisins. C’est vraiment délicieux au goût.

Lorsque la viande est séchée, les tranches en sont paquetées et pressées en ballots d’environ soixante livres, puis enveloppés dans une mince écorce de bouleau.

Cette viande se conservera deux ans et plus, la couche extérieure seulement étant légèrement gâtée