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I. — LA BOËTIE

(Origines du Contr’un ; âge et poésies de La Boëtie)


Tout est romain, en effet, dans La Boëtie, dans ce jeune magistrat du Parlement de Bordeaux, magistrat à vingt-deux ans ; tout, le style, les idées ; et rien d’étonnant que les protestants, alors fort mécontents des rois de France, aussi bien que des rois d’Espagne, aient imprimé son discours, en 1576 et en 1578, comme une arme de guerre contre une royauté intolérante, en l’appelant le et le baptisant eux-mêmes de ce nom provocateur. Il faisait partie du fameux recueil en trois volumes, intitulé les Mémoires de l’État de France sous le règne de Charles IX ; et que de choses dans ce recueil !… Les Massacres de ceux de la religion, à Rouen, à Vassy, à Paris et en d’autres lieux ; la Gaule française, de François Hotman, contre la monarchie héréditaire ; les Jugements de Dieu contre les tyrans, par le même ; le Traité du droit des magistrats sur les sujets ; les Apophthegmes et discours de divers auteurs contre la tyrannie ; le Politique, ou dialogue traitant des devoirs des princes et de leur autorité ; le Traité des puissances, établies de Dieu en ce monde, et de ce qui fait leur légitimité ; le Discours merveilleux de la vie, actions et déportements de Catherine de Médicis, reine de France, etc… On y trouvait tout cela. On ne pouvait oublier cette grande Italienne, grande et terrible tout ensemble, qui devait vivre encore dix ans, et dont les catholiques, autant que les huguenots, maudissaient la duplicité, la politique d’équilibre, l’éternelle domination, mais qui, sous trois règnes consécutifs, maintint, contre les Guises puissants, la transmission régulière du trône ; c’était là sa grandeur.

Le Contr’un était parmi les pamphlets contre les tyrans ; « et en effet, dit Montaigne, c’était un beau discours contre la tyrannie, à l’honneur de la liberté. » Il y avait bien un peu