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Watteville (Rosalie de), fille unique des précédents, née en 1816, frêle, mince, plate, blonde et blanche, avait des yeux d’un bleu pâle, et ressemblait parfaitement à une sainte d’Albert Dürer. Élevée par sa mère avec austérité, habituée aux pratiques de la religion la plus étroite, tenue fort ignorante des choses du monde, elle cachait sous une attitude modeste et un air d’insignifiance absolue le caractère de fer et l’audace romanesque de son grand-oncle l’abbé de Watteville, aggravés de la ténacité et de la fierté du sang des Rupt. Destinée à épouser Amédée de Soulas, « la fleur des pois[1] » de Besançon, elle s’éprit tout à coup de l’avocat Albert Savaron de Savarus ; par des machinations extraordinaires le sépara de la duchesse d’Argaïolo[2] qu’il aimait et dont il était aimé, et ne réussit qu’à désespérer Savarus ; celui-ci ne connut même pas la passion de Rosalie et se retira à la Grande Chartreuse. Mademoiselle de Watteville vécut ensuite quelque temps à Paris, avec sa mère, mariée à Amédée de Soulas ; chercha à voir la duchesse d’Argaïolo, qui, s’étant crue trahie par Savarus, avait donné sa main au duc de Rhétoré ; la rencontra, en février 1838, dans un bal de charité en faveur des pensionnaires de l’ancienne liste civile, et lui donna un rendez-vous au bal de l’Opéra, où elle révéla à son ancienne rivale le secret de ses entreprises contre madame de Rhétoré et de sa conduite à l’égard de l’avocat. Mademoiselle de Watteville se retira ensuite aux Rouxey, qu’elle ne quitta plus guère que pour un voyage, accompli en 1841, dans un but inconnu, et d’où elle revint cruellement estropiée : s’étant trouvée sur un bateau à vapeur dont la chaudière éclata, mademoiselle de Watteville perdit un bras et une jambe. La descendante de l’abbé de Watteville, entièrement vouée, désormais, à des pratiques religieuses, ne sortit plus de sa retraite (Albert Savarus).

Welff (dit le grand Welff), après onze ans de service dans la cavalerie et des campagnes sur le Rhin, en Italie et en Égypte sous le général Steingel et le général Bonaparte, était gendarme à Arcis-sur-Aube, en 1803, au moment d’une descente de police à

  1. Titre de l’une des vieilles éditions du Contrat de Mariage.
  2. Le nom s’écrivait plutôt ainsi : Argaiolo, sans tréma.