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Fenice, à Venise. Aimée du célèbre ténor Genovese, la Tinti était habituellement engagée avec lui. Ardente courtisane, belle et capricieuse, Clarina s’éprit du prince Emilio de Varese, amoureux alors de la duchesse Cataneo, et devint un instant la maîtresse de ce descendant des Memmi : le palais de Varese ruiné, que Cataneo louait pour la Tinti, abrita ces relations éphémères (Massimilla Doni). Dans l’hiver de 1823-1824, chez le prince Gandolphini, à Genève, Clarina Tinti chantait, avec Genovese, la princesse et un prince italien exilé, le fameux quatuor : Mi manca la voce (Albert Savarus).

Tiphaine, de Provins, frère de madame Guénée-Galardon, riche par lui-même, et attendant, de plus, la succession de son père, embrassa la carrière de la magistrature ; épousa la petite-fille de Chevrel, gros banquier de Paris ; eut des enfants de son mariage ; présida le tribunal de sa ville natale, sur la fin du règne de Charles X. Alors fervent royaliste, protégé par les financiers Ferdinand du Tillet et Frédéric de Nucingen, M. Tiphaine combattit Gouraud, Vinet, Rogron, les représentants locaux du parti libéral, et soutint assez longtemps mademoiselle Pierrette Lorrain, leur victime. Tiphaine s’accommoda pourtant du « révolutionnaire » Louis-Philippe, sous le règne duquel il devint député ; fut « l’un des orateurs du centre les plus estimés » ; se fit nommer juge au tribunal de première instance de la Seine, et, plus tard même, premier président de la cour royale (Pierrette).

Tiphaine (Madame), femme du précédent, née Mathilde-Mélanie Roguin dans les premières années du XIXe siècle, fille unique d’un riche notaire de Paris connu par sa faillite frauduleuse de 1819 ; du côté maternel, petite-fille de Chevrel, le banquier, et ainsi petite-cousine des Guillaume, des Lebas, des Sommervieux. — Elle fréquentait, avant son mariage, l’atelier du peintre Servin ; elle y était « l’oracle malicieux » du parti libéral et, avec Laure, prenait parti pour Ginevra di Piombo contre Amélie Thirion, chef du groupe aristocratique (La Vendetta). Adroite, jolie, coquette, correcte, fine Parisienne, protégée de l’amant de madame Roguin, Ferdinand du Tillet, Mathilde-Mélanie Tiphaine trôna dans Provins, au milieu de la famille Guénée que représentaient mesdames Galardon, Lesourd,