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la faillite Birotteau, en même temps que de sa propre fortune (1818). Ferdinand du Tillet, déjà loup-cervier presque de la taille de Nucingen qu’il fréquentait intimement, aimé de mademoiselle Malvina d’Aldrigger, bien vu aussi des Keller, protecteur du royaliste provinois Tiphaine, sut écraser Birotteau et triompha de lui, même le 17 décembre 1818, soir du fameux bal du parfumeur ; seul avec Jules Desmarets et Benjamin de la Billardière, il s’y montra un type de correction et de distinctions mondaines (César Birotteau. — La Maison Nucingen. — Les Petits Bourgeois. — La Rabouilleuse. — Pierrette). Lancé, M. du Tillet abandonna peu la chaussée d’Antin, quartier financier du Paris de la Restauration et de Louis-Philippe. Il y reçut Birotteau suppliant et lui remit pour Nucingen, une lettre de recommandation, dont l’effet fut tout autre que ne l’attendait le malheureux négociant. Il était, en effet, convenu entre les deux hommes d’affaires que, si la lettre en question était dépourvue de points sur les i, il faudrait y répondre par une fin de non-recevoir : du Tillet, par cette omission volontaire, perdit l’infortuné Birotteau. Il avait sa banque rue Joubert, lorsque Rodolphe Castanier, caissier infidèle, dépouilla Nucingen (Melmoth réconcilié). Ferdinand du Tillet était déjà un personnage, lors des débuts à Paris de Lucien de Rubempré (1821) (Illusions perdues). Dix ans plus tard, il épousa la dernière fille du comte de Granville, pair de France, « l’un des plus célèbres noms de la magistrature française ». Il occupa un des beaux hôtels de la rue Neuve-des-Mathurins, aujourd’hui rue des Mathurins ; garda longtemps pour maîtresse madame Roguin ; parut souvent, faubourg Saint-Honoré, chez la marquise d’Espard, où il se trouvait le jour où l’on médit de Diane de Cadignan en présence de Daniel d’Arthez épris d’elle. Il fonda avec Massol et Raoul Nathan, un grand journal dont il se servit pour ses intérêts financiers. Il ne tarda pas à se débarrasser de Nathan, accablé de dettes ; qu’il retrouva, devant lui, cependant, comme candidat à la députation, pour succéder à Nucingen, nommé pair de France ; cette fois encore, il triompha de son concurrent : il fut élu (Les Secrets de la Princesse de Cadignan. — Une Fille d’Ève). M. du Tillet n’épargna pas davantage Maxime de Trailles, son débiteur, qu’il poursuivit impitoyablement au moment où le comte devenait, en Champagne, l’agent électoral du gouvernement