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Daniel d’Arthez ; habita, à diverses époques, Auzy, près de Sancerre, Paris (en cette ville, les rues du faubourg Saint-Honoré et Miromesnil), Cinq-Cygne dans la Champagne, Genève et les bords du Léman ; inspira une folle passion platonique à Michel Chrestien ; sembla repousser par le plus piquant et le plus joli des mots le duc d’Hérouville, qui la recherchait également sur la fin de la Restauration. Ses premières et dernières liaisons marquèrent surtout. Pour elle, le marquis Miguel d’Ajuda-Pinto délaissa Berthe de Rochefide, sa femme : il se trouvait ainsi venger son ancienne maîtresse, Claire de Beauséant. Ses amours avec Victurnien d’Esgrignon devinrent le plus orageux des romans : madame de Maufrigneuse, déguisée en homme et munie d’un passeport au nom de Félix de Vandenesse, réussit à sauver de la cour d’assises le jeune homme qui s’était compromis pour subvenir aux folles prodigalités de sa maîtresse. La duchesse, en effet, sous des airs angéliques, était la proie de ses fournisseurs ; elle dissipa des trésors, et ses désordres amenèrent la vente d’Anzy au profit de Polydore Milaud de la Baudraye. Quelques années plus tard, elle essaya vainement de préserver Lucien de Rubempré dont s’instruisait le procès criminel. La Restauration et la royauté de 1830 lui donnèrent une vie et un éclat différents. Héritière du sceptre mondain de mesdames de Langeais et de Beauséant, qu’elle connut d’ailleurs, elle était intime avec la marquise d’Espard, à qui elle disputait, en 1822, « la fragile royauté de la mode », et elle fréquentait les Chaulieu, retrouvés à une chasse fameuse, près du Havre. En juillet 1830, réduite à la portion congrue, délaissée entièrement par son mari, mais passée princesse de Cadignan, pécuniairement secourue par ses parentes, mesdames d’Uxelles et de Navarreins, Diane opéra comme une sorte de retraite, s’occupa de son fils, Georges, et, s’aidant du souvenir de Chrestien, ainsi que de la fréquentation de madame d’Espard, elle sut s’attacher, riche, mûr, célèbre, le député de la droite Daniel d’Arthez lui-même, sans abandonner complètement le monde : elle entendit, en effet, chez elle et chez Félicité des Touches, entre 1832 et 1835, des récits anecdotiques de Marsay. La princesse de Cadignan possédait le portrait de ses nombreux amants. Elle avait aussi celui de Madame, qu’elle servit, et cela sous les yeux et à l’encontre de Marsay, ministre de Louis-Philippe. Elle possédait encore un portrait de