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qu’elle rendit père deux fois, passa presque toute sa vie à Saumur. — La situation de son mari et quelques avantages physiques, qu’elle sut conserver jusqu’aux abords de la quarantaine, lui permirent d’y briller d’un certain éclat. Avec les Cruchot, elle fréquenta les Félix Grandet, et, comme la famille du président de Bonfons, rêva Eugénie pour l’établissement de son fils Adolphe. Les désordres parisiens du père et la conspiration des Cruchot déjouèrent les plans de madame des Grassins : en outre, elle pourvut mal sa fille. Cependant, séparée de biens et heureuse de sa position, madame des Grassins continua, seule, la maison de banque de Saumur (Eugénie Grandet).

Grassins (Adolphe des), né en 1797, fils de M. et madame des Grassins, fit son droit à Paris et y vécut assez largement, puisqu’il fréquenta les Nucingen, chez lesquels il rencontra Charles Grandet. Il regagna Saumur en 1819 et courtisa vainement la riche Eugénie Grandet. Adolphe des Grassins reprit ensuite le chemin de Paris et rejoignit son père, dont il imita les folies (Eugénie Grandet).

Grassou (Pierre), né à Fougères (Bretagne) en 1795 ; fils d’un paysan vendéen et royaliste militant. — Débarqué jeune dans Paris, il fut, d’abord, commis d’un marchand de couleurs originaire de Mayenne et parent éloigné des Orgemont. Une fausse vocation le poussa vers la peinture. Son entêtement de Breton lui fit successivement fréquenter les ateliers de Servin, Schinner et Sommervieux. Il étudia ensuite, mais sans fruit, les œuvres de Granet et de Drolling[1] ; puis il compléta son éducation artistique chez Duval-Lecamus. Pierre Grassou ne profita nullement des leçons de ces maîtres, et son intimité avec Léon de Lora et Joseph Bridau ne lui apprit également rien. Pourtant il savait comprendre et admirer ; mais la faculté créatrice et la science de l’exécution lui manquaient. Aussi Grassou, appelé assez ordinairement Fougères par ses camarades, obtint-il d’eux un chaud concours et put-il faire admettre, au salon de 1829, sa Toilette d’un chouan condamné à mort, tableau des plus médiocres, platement imité de Gérard Dow. L’œuvre lui valut, de Charles X, la croix de chevalier de la Légion d’honneur. Enfin ses toiles rencontrèrent des acquéreurs. Élie Magus lui commanda

  1. Peut-être encore, celles de Decamps.