Page:Comédie humaine - Répertoire.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Graslin (Pierre), né en 1775 ; Auvergnat, compatriote et ami de Sauviat, dont il épousait à Limoges, en 1852, la fille, Véronique. — Il débuta simple commis de banque chez Grossetête et Perret, bonne maison de cette ville. Homme d’affaires, capable, travailleur acharné, il devint successeur de ses patrons. La fortune de Pierre Graslin, augmentée à la suite d’heureuses spéculations faites avec Brézac, lui permit l’acquisition de l’un des plus beaux hôtels du chef-lieu de la Haute-Vienne. Pierre Graslin ne sut point gagner le cœur de sa femme. Ses disgrâces physiques, résultats de ses négligences et de son avarice laborieuses, étaient compliquées d’un despotisme domestique promptement révélé. Il fut donc seulement le père légal d’un fils nommé Francis, mais ignora cette situation ; car, juré de cour d’assises, désigné pour décider du sort de J.-F. Tascheron, véritable père de l’enfant, il réclama, mais en vain, l’acquittement de l’accusé. Deux ans après la naissance du bâtard et l’exécution de l’amant de la mère, au mois d’avril 1831, Pierre Graslin mourut d’épuisement et de chagrin : la révolution de Juillet, en éclatant soudain, avait ébranlé sa position pécuniaire, péniblement reprise et reconquise. Précisément Graslin venait d’acheter Montégnac aux Navarreins (Le Curé de Village).

Graslin (Madame Pierre), femme du précédent, née Sauviat (Véronique) à Limoges, en mai 1802, belle, malgré les traces d’une petite vérole, eut l’enfance gâtée, quoique simple, d’une fille unique. — À vingt ans, elle épousa Pierre Graslin. Aussitôt après son mariage, sa nature naïve, romanesque et distinguée souffrit en secret de l’étroitesse tyrannique de l’homme dont elle portait le nom. Véronique n’en repoussa pas moins les galants, familiers de son salon, et particulièrement le vicomte de Granville : elle était et demeura la maîtresse bien cachée de J.-F. Tascheron, ouvrier porcelainier ; elle allait fuir avec lui, lorsque se découvrit le crime commis par son amant. Madame Graslin subit ainsi des tortures atroces, accoucha de l’enfant du guillotiné au moment précis de l’exécution du père, et se condamna par les plus dures austérités et les plus implacables macérations. Elle put s’y livrer avec plus de liberté après son veuvage, survenu deux ans plus tard, et abandonna Limoges pour Montégnac où elle s’illustra vraiment par de charitables et