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Gorenflot, maçon à Vendôme, mura le cabinet où fut enfermé l’amant de madame de Merret, l’Espagnol Bagos de Férédia (La Grande Bretèche).

Gorenflot posa peut-être pour le Quasimodo de la Notre-Dame de Victor Hugo. — Infirme et contrefait, sourd, d’une taille lilliputienne, il habitait Paris, vers 1839, tenait le soufflet d’orgues dans l’église de Saint-Louis en l’Île et y sonnait aussi les cloches. Gorenflot servait encore de mystérieux correspondant financier entre Jacques Bricheteau et Sallenauve-Dorlange (Le Député d’Arcis).

Goriot[1] (Jean-Joachim), né vers 1750, fut d’abord, à Paris, simple fort de la halle au blé. — Sous la première Révolution, quoique sans instruction première, mais ayant la vocation du négoce, il entreprit le commerce des grains ou pâtes et y réussit grandement. L’économie et la chance favorisèrent aussi Goriot, qui opéra pendant la Terreur. Il sut passer pour un citoyen farouche et un bon bougre de patriote. La prospérité de ses affaires lui permit de contracter un mariage d’inclination avec la fille unique d’un riche fermier de la Brie, qui mourut jeune et adorée. Le vermicellier de la rue de la Jussienne reporta sur les enfants issus de son union (Anastasie et Delphine) la tendresse dont la mère avait été l’objet, les gâta beaucoup, les établit magnifiquement. Les malheurs de Goriot datèrent de leur fastueuse installation conjugale au cœur de la Chaussée-d’Antin. Loin de reconnaître ses sacrifices d’argent, ses gendres, Restaud et Nucingen, ses filles elles-mêmes, rougirent de son extérieur bourgeois. Ainsi, dès 1813, il se retirait, appauvri et attristé, rue Neuve-Sainte-Geneviève, dans la pension de madame veuve Vauquer, née Conflans. Les querelles de mesdames de Restaud et de Nucingen, leurs plaintes avides l’y relancèrent, et, dans l’année 1819, elles allèrent en s’accentuant. Presque tous les hôtes de la maison et surtout la veuve Vauquer, née Conflans, déchue d’ambitieuses espérances, tourmentaient également Goriot, ruiné à

  1. Deux théâtres de Paris et cinq auteurs mirent sur la scène la vie de Jean-Joachim Goriot : le 6 mars 1835, au Vaudeville, Ancelot, et Paul Duport ; le mois suivant de la même année, aux Variétés, Théaulon, Alexis de Comberousse et Jaime père. Enfin le Bœuf-Gras du carnaval de l’une des années ultérieures porta le nom de Goriot.