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II ne souffrira pas que l’on pratique de nouveaux sentiers, ni qu’on déplace les bornes ; il ne donnera chez lui l’hospitalité à d’autre personne qu’à un ami intime de son maître. En lui faisant ces défenses, il faut aussi l’exhorter à prendre soin des outils et de tous les instruments de fer, qu’il gardera bien réparés et placés en nombre double des esclaves qui les emploient, pour n’être pas obligé d’en emprunter dans le voisinage, parce qu’on perd plus par le chômage des esclaves que par la dépense de ces objets. Il tiendra ses gens bien entretenus et vêtus plutôt pour la commodité que pour l’élégance, de manière à les préserver des effets du vent, du froid et de la pluie : des casaques de peau pourvues de manches, de vieux habits de maître qu’on a rapiécés, ou des saies à capuchon rempliront bien ce but. A cette condition, il n’y a jour si mauvais où l’on ne puisse travailler en plein air à quelque ouvrage. Non seulement le métayer sera propre aux travaux agricoles, mais, autant que le comporte son état d’esclave, il sera vertueux, afin qu’il ne commande ni avec mollesse ni avec dureté. Il doit avoir des égards pour les bons, et même quelque indulgence pour ceux qui le sont moins, de manière qu’on craigne sa sévérité plutôt qu’on ne déteste sa rigueur. C’est ce à quoi il pourra parvenir, s’il aime mieux contenir dans le devoir ses subordonnés que les punir pour les fautes que sa négligence leur aurait laissé commettre. Il n’y a pas de meilleur moyen de gouverner, même un méchant homme, que de lui imposer une tâche, de n’exiger de lui que ce qui est juste, et de le surveiller avec assiduité. Ainsi, pour chaque partie, les chefs de travail s’acquitteront exactement de leur devoir, et les autres, après leurs fatigues, pourront se livrer non pas aux délices, mais au repos et au sommeil. Puissent revivre pour les métayers ces anciennes habitudes