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pour les oies et le troupeau, et dont l’autre sera employée à macérer les lupins, les osiers, les gaulettes, et les autres choses qu’on a besoin d’y faire tremper. Les fosses à engrais seront aussi au nombre de deux : la première recevra les nouvelles curures d’étables et les conservera durant un an ; et la seconde servira de dépôt aux fumiers anciens et propres à être employés. Toutes deux seront, comme les piscines, creusées dans un sol légèrement incliné, murées et pavées de manière à ne laisser échapper aucun liquide : car il importe beaucoup que, par son état humide, le fumier conserve toute sa force, et se macère dans un liquide continuel, afin que s’il s’y mêle aux litières et aux pailles quelques graines d’épines ou de mauvaises herbes, elles pourrissent, et, portées dans les champs, ne nuisent pas aux moissons. En conséquence, les cultivateurs habiles couvrent avec des claies les apports des bergeries et des étables, qui seraient desséchés par le grand air ou seraient brûlés par les rayons du soleil. Autant qu’on le pourra, on établira l’aire de manière qu’elle soit à portée des regards soit du maître, soit du procurateur. La meilleure sera celle qui aura un pavé de pierres dures, parce que les grains y sont plus promptement tirés de leur balle, que le sol y résiste mieux au pied des animaux et à la pression du traîneau, que le vent l’entretiendra mieux dans un état de propreté, qu’il ne s’y trouvera pas de gravier ni de petites mottes, que donnent presque toujours, pendant le battage, les aires qui ne sont que de terre. Près de là sera un lieu destiné à abriter les grains à demi battus, dans le cas où il surviendrait une averse : cette précaution, très-nécessaire en Italie, en raison de l’inconstance de son ciel, serait superflue dans quelques contrées d’outre-mer, où l’été se passe sans pluies.