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Des châtaigniers et des châtaigneraies.

XXXIII. Le châtaignier approche beaucoup du chêne rouvre par ses qualités, aussi est-il très propre à fournir des soutiens aux vignes. La châtaigne, plantée dans un terrain défoncé avec la houe à deux dents, lève promptement, et, au bout de cinq ans, le plant, recépé comme le saule, donne des pieux qui durent presque jusqu’à la coupe suivante. Il se plaît en terre légère et meuble ; il s’accommode aussi de sablon humide ou de tuf brisé ; il réussit bien sur les coteaux couverts et inclinés au nord ; il redoute un sol compacte et rougeâtre. Pendant tout l’hiver, à partir du mois de novembre, on sème le châtaignier en terre sèche et défoncée à la profondeur de deux pieds et demi. Les châtaignes sont placées à distance d’un demi-pied, et un intervalle clé cinq pieds est laissé entre les lignes. La châtaigne doit être déposée dans des sillons creusés à neuf pouces de profondeur. Après cette plantation, avant d’aplanir le terrain, on fiche à côté de chaque semence un petit roseau au moyen duquel le cultivateur peut en toute sûreté retourner la terre et sarcler. Dès que la semence a produit des sujets transportables, et ils sont tels à deux ans, on éclaircit en laissant un intervalle de deux pieds entre chacun des sujets, de peur que, trop pressés, ils ne maigrissent. Ce n’est que pour obvier aux éventualités qu’on a semé plus dru qu’il n’est nécessaire : en effet, il peut arriver que, avant de sortir de terre, la châtaigne se dessèche par l’effet des chaleurs arides, ou pourrisse noyée par des pluies surabondantes ; quelquefois aussi elle est dévorée par les animaux souterrains, tels que les mulots et les taupes : aussi voit-on souvent les nouvelles châtaigneraies dégarnies. Quand il faut les repeupler, il vaut mieux, si on le peut, coucher en manière de sautelle une branche de châtaignier voisin, que d’arracher des sujets pour les planter.