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sont nombreux, le sarment, quoique court, se couvre de beaucoup de bois à fruit et produit des grappes en abondance : aussi est-il nécessaire d’user dans ce cas de beaucoup de mesure, afin de ne pas donner une surcharge de fruits à des branches qui dépasseraient la juste proportion.

Le vigneron doit encore considérer si la vendange de l’année précédente a été abondante ou non : car après une ample récolte, on doit épargner la vigne, et dès lors tailler court ; tandis qu’après une vendange chétive, on est en droit d’exiger davantage. Au reste, nous pensons encore que tout cet ouvrage doit être exécuté avec des instruments bien trempés, à lame mince et bien affilée car une serpe émoussée, ébréchée et de mauvaise qualité retarde le vigneron, l’empêche de faire beaucoup d’ouvrage, et le fatigue davantage. En effet, soit que le tranchant se courbe, ce qui arrive quand le fer est trop tendre, soit qu’il pénètre mal, ce qui a lieu quand il est émoussé ou trop épais, il exige de plus grands efforts. Il faut dire aussi que les plaies raboteuses et inégales déchirent les vignes, quand l’amputation a eu lieu, non d’un seul coup, mais de plusieurs coups répétés. Il en résulte que souvent on brise ce qui devait être tranché net, et que la vigne, ainsi déchirée et couverte d’aspérités, pourrit sous l’influence des pluies, et que ses blessures ne se cicatrisent pas. Il faut donc avant tout prévenir le vigneron de bien aiguiser ses outils, et, autant qu’il est possible, de leur donner un fil aussi tranchant que celui d’un rasoir. Il doit savoir aussi de quelle partie de son fer il faut faire usage pour telle ou telle nature de son travail ; car j’ai vu beaucoup d’ouvriers qui, faute de cette connaissance, ruinaient les vignobles.

Description de la serpe.

XXV. Voici la description de la serpe du vigneron,