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plusieurs années. Il faut aussi donner à la vigne de fréquents binages, quoique pourtant on puisse en faire un de moins que la première année ; on l’épamprera souvent, car il ne suffirait pas de lui enlever une fois ou deux, dans le cours de l’été, les feuilles superflues. On doit principalement s’attacher à couper tous les rejetons qui naissent au-dessous de la tête du tronc ; et si chaque œil a poussé deux sarments sous le joug, il faut, quoiqu’on y voie plusieurs grappes, en supprimer un, afin que l’autre acquière plus de force et puisse mieux nourrir le fruit qu’on lui aura laissé. Après quarante et un mois, la vendange finie, on procédera à la taille, de manière que la vigne, au moyen de plusieurs sarments conservés, présente l’apparence d’une étoile. Le devoir du vigneron est d’arrêter par la taille la vigne à près d’un pied au-dessous du joug, afin que toutes les branches tendres qui de sa tête viendraient à pousser à travers ses bras soient stimulées, et qu’en se recourbant sur le joug elles se précipitent vers la terre, sans toutefois pouvoir la toucher. Il faut néanmoins consulter les forces du tronc, pour ne pas conserver plus de ces pousses que la vigne n’en pourrait nourrir. Ordinairement à cet âge, en terre fertile, une vigne ne veut sur son tronc que trois sarments, rarement quatre, que le vigneron doit attacher de manière à les diriger vers autant de points différents. Dans ce cas, il n’est pas nécessaire que le joug forme une étoile et s’étende ainsi, à moins qu’on ait assez de sarments à y étendre. Au reste, tous les agriculteurs n’approuvent pas cette forme ; plusieurs d’entre eux se contentent de la disposition ordinaire. Il n’en est pas moins vrai que la vigne est plus affermie sous le poids des sarments et du fruit qu’elle doit porter, quand elle est de deux côtés fixée au joug, dans un certain équilibre, comme retenue par plusieurs ancres. Alors elle projette son bois par ses bras, et le développe plus facilement appuyée de toutes parts,