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et que la marcotte aura été placée dans une fosse de deux pieds et demi de profondeur où on aura préalablement répandu du fumier ? Car, la terre remuée d’une surface plane est plus gonflée que ne l’est le sol durci par le temps. Assurément les plantations ne demandent pas à reposer sur un lit fort profond, et l’on peut affirmer qu’il suffit d’ameublir sous les jeunes vignes une couche d’un demi-pied de terre qui reçoit l’enfance de ces végétaux comme dans un sein hospitalier et maternel. Citons à l’appui les vignes mariées à des arbres : quand nous creusons des fosses destinées à recevoir des marcottes, ne se borne-t-on pas à répandre un peu de terre ameublie sous elles.

La meilleure méthode est donc de défoncer profondément la terre avec la houe à deux dents, puisque la vigne destinée au joug s’élève d’autant mieux que les fosses sont plus profondément creusées. Celles de deux pieds peuvent à peine être employées par les cultivateurs des provinces, qui, le plus souvent, arrêtent leurs vignes très bas et presque à la surface du sol ; car pour celles qui sont destinées au joug, elles veulent être établies sur un fondement plus profond, et plus elles s’élèvent haut, plus elles demandent le secours d’une forte couche de terre. Aussi, lorsqu’on veut marier la vigne à des arbres, personne ne donne moins de deux pieds à la profondeur des tranchées. Au reste, les avantages attribués par les cultivateurs à une excavation peu profonde leur profitent peu : ces avantages, selon eux, consistent en ce que le plant n’étant point fatigué par la pression d’un poids considérable de terre pousse promptement, et que, plus légèrement fixé, il devient plus fécond. Ces deux raisons sur lesquelles s’appuie Jules Atticus sont réfutées par l’exemple de la vigne mariée aux arbres,