Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/261

Cette page n’a pas encore été corrigée

voyons le cannellier se couvrir de feuilles ainsi que l’arbre qui porte l’encens, et nos jardins embellis par les fleurs de la myrrhe et du safran. Ces exemples nous prouvent sans doute que l’Italie répond très bien aux soins des mortels, puisque, au moyen d’une culture bien entendue, on l’a habituée à porter les productions de presque tout l’univers. Nous ne devons donc pas douter du succès de fruits qui, véritablement indigènes, sont particuliers à notre sol et y croissent presque naturellement. Il est reconnu aussi que parmi toutes les vignes que supporte la terre, celles de Massique, de Sorrente et d’Albe tiennent le premier rang parmi celles qui sont renommées parla qualité de leur vin.

Comment on rend les aminées fécondes.

IX. On pourrait désirer peut-être plus de fécondité à nos vignes ; mais l’industrie du cultivateur aidera à l’obtenir : car si, comme je l’ai dit plus haut, la nature, cette excellente mère de toutes choses, a doté chaque nation et chaque contrée de dons qui leur sont propres, sans pourtant priver les autres de semblables avantages, pourquoi douterions-nous qu’elle eût suivi la même loi en ce qui concerne les vignes ? Elle a voulu que quelques-unes de leurs variétés fussent plus particulièrement fécondes, telles que la biturique, ou la royale, et cependant elle n’a pas rendu l’aminée tellement stérile, que, sur plusieurs milliers de ses ceps, on n’en trouvât pas même un petit nombre de productifs, comme on a vu, dans l’espèce humaine, en Italie, ces deux sœurs albaines. Cette assertion vraisemblable se trouve confirmée par l’expérience, puisque, dans le territoire d’Ardée, qui a été longtemps en notre possession, dans le Carséolan et dans le pays d’Albe, nous avons remarqué des vignes de l’espèce aminée, peu nombreuses à la vérité, mais tellement fertiles, que chaque cep attaché au joug donnait trois urnes de vin, et en treille dix amphores.