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aux autres animaux, et qu’elle n’a point départi à quelques nations ni à quelques pays certains privilèges, pour priver les autres de semblables avantages. La nature accorde la faculté de produire beaucoup d’enfants à quelques peuples, tels que les Égyptiens et les Africains, chez lesquels les doubles enfantements sont communs et presque habituels ; mais, en Italie, elle a voulu que deux mères d’Albe, de la famille des Curiaces, missent au monde, par l’effet d’une fécondité remarquable, chacune trois enfants d’une même couche. Elle a favorisé la Germanie d’armées dont les soldats sont de la plus haute taille ; mais elle n’a pas totalement privé les autres nations d’hommes de haute stature ; car M. Tullius Cicéron nous atteste que Névius Pollion, citoyen romain, était d’un pied plus haut que les hommes les plus grands. Récemment même, nous avons pu remarquer dans l’éclat de la pompe des jeux du Cirque un homme, appartenant à la nation juive, dont la hauteur excédait celle du Germain le plus grand. Je passe aux bestiaux. Mévanie est citée pour la taille extraordinaire de ses boeufs, la Ligurie pour la petitesse des siens ; et cependant on voit quelquefois de petits bœufs à Mévanie et de grands en Ligurie. L’Inde a acquis un juste renom pour la grosseur prodigieuse de ses animaux sauvages ; mais qui niera que l’Italie ne puisse produire de ces bêtes vraiment colossales, puisque nous voyons dans les murs de Rome des éléphants qui y sont nés. Je reviens aux variétés des productions de la terre. On assure que la Mysie et la Libye abondent en fécondes moissons ; et cependant les champs de l’Apulie et de la Campanie ne manquent pas de riches récoltes. Tmole et Coryce, dit-on, produisent beaucoup de safran ; la Judée et l’Arabie, beaucoup de parfums précieux : mais notre ville n’est pas dépourvue des plantes qui les fournissent, puisque déjà, dans plusieurs quartiers de Rome, nous