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Comment on s’assure de la fécondité d’une vigne.

VII. Je suis certain, P. Silvinus, que depuis longtemps vous demandez tout bas à quelle espèce appartient telle vigne féconde que nous mettons tant de soin à signaler, et si elle ne serait pas une de celles qui vulgairement ne sont pas considérées comme très productives. Beaucoup de personnes, en effet, donnent de grands éloges soit à la biturique, soit à la spionie, soit à la royale, soit à l’arcelaque. Nous aussi nous ne leur refusons pas notre suffrage : car elles produisent beaucoup de vin ; mais nous croyons plus à propos de conseiller la plantation de ces cépages qui, tout en ne donnant pas moins de fruit que les précédents, ont encore l’avantage d’une saveur distinguée, comme les aminées, ou, tout au moins, celles qui approchent de ce goût. Je sais bien que presque tous les vignerons sont d’une opinion opposée à la nôtre, opinion invétérée qui a longtemps prévalu contre ces aminées qui passent pour être affectées d’une stérilité, native inhérente à leur espèce. C’est ce qui nous détermine à remonter plus haut, pour y trouver un grand nombre d’exemples confirmatifs de notre sentiment, qui n’a manqué de l’évidence lumineuse de la vérité que parce qu’il a été condamné par la négligence et par le défaut de jugement des vignerons, et obscurci par les ténèbres de leur ignorance. En conséquence, il ne nous paraît pas hors de propos de revenir aux considérations qui nous semblent propres à faire cesser cette erreur publique.

Quelle est la qualité que l’on doit considérer dans le sol destiné aux vignes.

VIII. Pour peu que nous voulions, P. Silvinus, examiner avec toute la perspicacité de l’esprit la nature des choses, nous trouverons qu’elle a imposé la même loi de fécondité aux végétaux, ainsi qu’aux hommes et