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examen ; toutefois nous devons dire ici à ceux qui s’adonnent à l’agriculture, que le revenu des vignobles est fort considérable. Je pourrais citer comme preuve cette ancienne fertilité des terres qu’avait déjà mise en avant M. Caton, et après lui Terentius Varron, qui prétendent que chaque jugère de vignes fournissait six cents urnes de vin. C’est ce que Varron affirme positivement dans le premier livre de son Économie rurale, où il dit qu’un tel produit ne se bornait pas à une seule contrée, mais était commun au canton de Faventia et à cette partie de la Gaule Cisalpine qui est aujourd’hui comprise dans le Picénum. On ne peut donc mettre en doute la fertilité des vignes de ce temps-là. Mais, pour parler de notre époque, la contrée de Nomentum n’est-elle pas célèbre par la haute réputation dont elle jouit, et surtout la partie que possède Sénèque, homme d’un grand génie et d’une science profonde, dans les terres duquel il est reconnu que chaque jugère de vignes rend ordinairement huit culléus de vin ? On a regardé comme un prodige ce qui est arrivé dans nos terres de Cérétan, où un pied de vigne te donna, Silvinus, plus de deux mille grappes ; chez moi, quatre-vingts ceps, greffés depuis deux ans, emplirent sept culléus, les jeunes vignes donnèrent cent amphores par jugère. Et les prés, les pâturages et les bois passent pour être d’un grand produit, quand ils rapportent cent sesterces par jugère à leur maître. Quant au blé, dans la majeure partie de l’Italie, nous pouvons à peine citer qu’il ait rendu le quart de ce revenu. Pourquoi donc la culture de la vigne est-elle décriée ? Grécinus dit que ce n’est point par la faute de cette plante, mais bien par celle des hommes : d’abord, parce que personne n’apporte assez de soin à choisir ses plants, et que la plupart des vignerons composent leurs vignobles de